L’artiste de 22 ans, originaire du bâtiment 7 à Evry comme Koba LaD ou Mafia Spartiate, sort son deuxième EP, « Salut les terriens », après l’abouti « Quel vie », en novembre 2018. Rencontre avec un rappeur polyvalent qui espère sortir son premier album avant la fin de l’année.
« Mais je ne suis pas un terrien moi ! » Lorsqu’on lui demande la signification de son deuxième EP, Bolemvn (prononcez : « Boléman ») explose de rire : « Mon esprit, ma mentalité est ailleurs et j’invite le public : ‘Venez me rejoindre dans mon univers ! Venez voir comment ça se passe !’ A 22 ans, l’artiste originaire d’Evry dans le 91 vient de sortir Salut les Terriens, son deuxième EP après un premier essai remarqué en novembre dernier, Quel vie. Depuis, les succès s’enchaînent : Booska-P le classe parmi les 11 rappeurs à suivre cette année et il a été sélectionné parmi « La Relève » par la plateforme de streaming musicale Deezer.
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Bolemvn commence à faire parler de lui l’année dernière avec son morceau Gars du 7 : instru épurée, flow ciselé et des paroles qui sentent bien plus le vécu que l’imaginaire : « Be-her, pilons, les ienclis demandent plus fort / C-C, héro, c’est aux vivants qu’on vend la mort ». Pas question pour lui, dans ses morceaux, de raconter des balivernes : « Je n’abuse pas dans mes paroles, ça ne sert à rien de s’inventer des vies, de raconter des histoires à dormir debout qui ne sont crédibles aux yeux de personnes. Je n’ai pas besoin d’inspiration. Je chante ce que je dois, ce qu’on me raconte au quartier. »
“Pour comprendre notre état d’esprit, tu dois monter dans l’ascenseur du bâtiment 7”
L’émergence de Bolemvn nous rappelle que l’Essonne propose actuellement l’un des plus gros contingents du rap français hexagonal avec des poids lourds tels que Niska, Ninho ou PNL. Originaire d’Evry et du désormais fameux « Bâtiment 7 » de la cité du Parc aux Lièvres, comme Koba LaD ou Mafia Spartiate, il n’oublie pas ses racines, quitte à brouiller les pistes : « Pour comprendre notre état d’esprit, tu dois monter dans l’ascenseur du bâtiment 7, nous indique-t-il. De là, tu verras la magie qui en sort, comme une sorte de lumière. On n’a pas compris tout de suite l’engouement qu’on a suscité, moi le premier. Mais nous en sommes fiers. Le bâtiment 7 c’est notre source, là où tout a commencé et si je me sens mal, c’est là-bas que je vais me poser. » Cet esprit de clan, de groupe « on vit ensemble, on meurt ensemble » se retrouve jusque dans le choix de son nom d’artiste, une référence à membre des Black Dragon – ce groupe de chasseurs de skin heads qui a œuvré dans les années 1980 en région parisienne -, Boléma.
Sur son nouvel EP, Salut les Terriens, Bolemvn poursuit dans l’étalage de sa palette stylistique comme sur le chantant Hakuna Matata ou les plus rappés O Coeur de la Street et Hello One-C : il maîtrise de nombreux styles et aime le montrer. Un projet qu’il a construit avec le même architecte musical que sur Quel Vie que le producteur SeySey (qu’on a pu entendre aux côtés de Shay ou Dadju récemment). Il en résulte une polyvalence, qu’il cultive et souligne, mais qu’il va devoir maîtriser dans l’optique d’un premier album qu’il espère « avant la fin de l’année » et pour lequel il a déjà une dizaine de morceaux de côté. Une chose est sûre, son album promet d’être éclectique musicalement. Baigné dans le foyer familial dès l’enfance par les sonorités de Koffi Olomidé, Werrason ou JB Mpiana, Bolemvn arrive encore à surprendre comme sur l’excellent La Voix, où résonnent des riffs hurlants de guitares électroniques.
“Je ne me défilerai jamais”
S’il mesure le chemin parcouru, Bolemvn reste lucide sur les marches qu’il lui reste à franchir : « Je dois continuer de bosser, pour ramener un maximum de gens dans mon univers : un mélange de joie, de folie et de réalité. » Quoi qu’il en soit, le jeune homme de 22 ans a hâte d’en découdre sur scène : « C’est ce qui définit l’artiste à mes yeux. Le rapport qu’on entretient en live avec son public. Même si j’ai la voix cassée, je me défilerai jamais, je monterai toujours sur scène« .
Son ambition semble sans limites. Lorsqu’on lui demande quelle est la scène qui le fait le plus rêver, il répond sans fard : « Je veux toutes les faire. Même le Stade de France, c’est obligé ! Écoute-moi, si tout se passe bien, dans trois ans et demi, je fais le Stade de France, comme Johnny Hallyday », lâche-t-il dans un éclat de rire. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Bolémvn – Salut les Terriens, sorti le 3 mai
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