Les Parisiens de Cocosuma ont une mémoire rare : elle remonte largement à avant leur naissance. Mais pourtant, ces pans entiers de musiques, Mamas & Papas ou American Spring, Field Mice ou Boo Radleys, Antena ou Weekend, les Zombies ou Left Banke, ces goinfres les évoquent avec trop d’intimité et d’aplomb pour les avoir uniquement […]
Les Parisiens de Cocosuma ont une mémoire rare : elle remonte largement à avant leur naissance. Mais pourtant, ces pans entiers de musiques, Mamas & Papas ou American Spring, Field Mice ou Boo Radleys, Antena ou Weekend, les Zombies ou Left Banke, ces goinfres les évoquent avec trop d’intimité et d’aplomb pour les avoir uniquement étudiés en cours de rattrapage, par la formation accélérée de compilations. Leur premier album, I Refuse to Grow Up (« Je refuse de grandir« , titre parfait d’insolence), les révélait encore Beach Boys de bac à sable, glorieusement indisciplinés dans une pop de chambre au joli bazar. Dans ce disque régnaient des monstres jouets dignes de Toys Story : la tête de la jeune Nico greffée sur le corps dodu de De la Soul, les jambes de Prince imposées au corps de Satie Comme à chaque fois que le post-modernisme trouble les habitudes et vient transformer nos collections de disques en lupanar, on évoquait le parrainage d’autres dissidents du rangement, de Beck aux Avalanches.
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Sur ce second album, Cocosuma n’accepte de grandir qu’à une condition : ne jamais être rattrapé par la raison et les responsabilités. Cocosuma a du poil au menton, mais ses rêves demeurent puérils et éveillés. La grande nouveauté, c’est que le groupe a trouvé un grand sac pour ranger tous ses jouets : la pop-music. Suffisamment souple et extensible pour accueillir ces divagations vers la bossa, la soul, l’electronica, le psychédélisme ou le soft-rock ? et aussi des chewing-gums roses, des jeunes filles en fleur, du sable de Californie, des fleurs pleines de pouvoirs et des fusées pour l’espace.
Mais qu’on ne prenne pas ce disque célébrant avec ferveur la Pop-Music pour une garderie d’enfants incurables, pour le grand congrès de la régression, pour le concours niais de la nostalgie : sous ses airs enfantins et simplistes, Reindeer Show the Way révèle, comme chez Phoenix ou Mellow, un courageux parti-pris musical, un modernisme humble à la Saint Etienne, souligné par des arrangements complexes et des mille-feuilles soniques où se frottent mélodies pur crème et chœurs acides, innocence sixties et spleen de Paris 2004.
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