Le label Ninja Tune séduit en remixant les perles de DJ Food : passionnant, audacieux et nécessaire. Qu’elle est belle, la modestie des surdoués : presque honteux de nous livrer du “réchauffé” (Refried food), Coldcut et Patrick Carpenter convient une fois encore à une magistrale orgie des sens. Au menu, des mets de choix issus […]
Le label Ninja Tune séduit en remixant les perles de DJ Food : passionnant, audacieux et nécessaire.
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Qu’elle est belle, la modestie des surdoués : presque honteux de nous livrer du « réchauffé » (Refried food), Coldcut et Patrick Carpenter convient une fois encore à une magistrale orgie des sens. Au menu, des mets de choix issus du premier (et excellent) album de DJ Food, Recipe for disaster, et des différents maxis Jazzbreaks (désormais introuvables) remixés aux petits oignons remixes au sens noble de « variations sur un même thème » par les chefs Autechre, Luke Vibert, Herbaliser, Ashley Beedle, Fila Brazillia et Doctor Rockit. Des restes, ce festin gargantuesque ? Pensez-vous ! Qu’il s’agisse de la relecture électro-sautillante d’Half step par Matt Herbert un summum d’humour malin conçu comme une bande-son de jeu vidéo pour enfants , du remixe désuet-décalé de Turtle soup par Luke Vibert, ou du splendide Freedom revisité caresse spatiale par Fila Brazillia, l’auditeur nage en pleine extase jubilatoire. Pas l’ombre d’une seconde d’ennui à la découverte de cette série de paysages sonores qui déchaînent les sens, réveillent la mémoire et rassasient l’esprit. Espiègle et pétillant, le label Ninja Tune (de Coldcut) sort définitivement l’abstract hip-hop de l’ornière snobinarde et stérile dans laquelle médias et suiveurs s’acharnent depuis un peu plus d’un an à le faire échouer. D’ailleurs, faut-il encore parler d’abstract hip-hop pour un tel télescopage d’inspirations si divinement digérées (toujours avec finesse, comme l’aura remarqué l’observateur maniaque) ? Sur la pochette, pas de liste de remerciements mais un cliché révélateur, habilement camouflé, d’une discothèque où les tranches jaunies des disques de Jello Biafra côtoient celles de Sly & The Family Stone, Grandmaster Flash, Elvis Presley, Prince, Mantronix et Laurie Anderson. Ce n’est plus une simple somme d’influences qu’il faut voir là mais un amour inconditionnel et un appétit illimité pour la musique sous toutes ses formes. Voilà sans doute pourquoi Ninja Tune s’affirme comme une entité à part, passionnée et passionnante, qui bouscule sans jamais brutaliser, use de son charme dévastateur pour anéantir tout préjugé et de sa malice pour conjurer toute tentative de classification réductrice. Même « réchauffé », on s’en pourléchera encore longtemps les babines.
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