A force de rendre hommage aux eighties, le duo vire au tribute-band.
D’un tube absurde et gimmicky comme leur insouciant Fa-fafa, beaucoup de groupes electro ne se sont jamais relevés – demandez à Junior Sr ou Gus Gus. Et ça commence mal avant même l’écoute de ce nouvel album, par la déclaration de foi des Norvégiens (“Les années 76-83 sont le pic de l’évolution culturelle”), alors même que musicalement, financièrement, politiquement, on tente désespérément d’en finir, justement, avec l’emprise cruelle de ces années-là, de Thatcher à Gang Of Four, de Reagan à l’electro-pop… Mais ce qui sauve le groupe du cynisme crasse des modistes à la ramasse, c’est son enthousiasme naïf, sa candeur quand il cite Devo ou les Talking Heads comme s’il venait de dénicher un trésor inconnu de tous. Moins érudit, moins roublard – et moins efficace – que LCD Soundsystem avec une même matière première, le duo tente d’élargir son pré carré de possibilités, l’ouvrant aux guitares hystériques (l’imbécile The Blog), à un afro-beat au cul serré et palichon ou à une pop FM pour laquelle il manque de bras. Vite rattrapé par sa nature de tributeband déguisé en hype, le duo confond hommage et clonage : les Talking Heads (sur Give It up, The Pretender ou True Stories, qui a l’honnêteté de le revendiquer), le lyrisme étranglé et la pop maso de Cure (Molly) ou même les jeunes Smiths, quand le chant se fait romantique et urgent. Une chanson s’appelle Fear of Death. Datarock, quand il aura épuisé ses maigres ressources, devra regarder sa mort en face.
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