Cette alliance de deux chercheurs sonores débouche sur une fiévreuse expérience auditive.
Qu’ils intitulent leur album Frontières constitue au choix un pied-de-nez lyrique ou une ironique coïncidence tant ces deux-là, s’ils mettent en commun leurs expériences, couvrent une bonne partie de la cartographie musicale. Absolument pas respectueux des lignes de démarcation, Arnaud Rebotini s’est abreuvé à des sources aussi éloignées que la techno de Detroit, le rock indus, la cold-wave ou le blues. A chaque fois, en puriste, il y a trouvé une authenticité et l’énergie suffisante pour nourrir des projets d’apparence dissemblables (Zend Avesta, Black Strobe).
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De son côté, membre du GRM depuis 1978, Christian Zanési fait partie des poètes de la musique électroacoustique tant ses couper-coller et autres savantes expérimentations ne sonnent jamais froid (Arkheion, bel hommage à ses maîtres Karlheinz Stockhausen et Pierre Schaeffer). Rassemblés par la même passion de l’expérimentation et du son qui a du sens, les deux Français ont composé huit pièces qui prennent le temps de se développer selon des scénarios secrets.
Quasi en apesanteur, le mouvement introductif de chaque morceau laisse croire à des eaux dormantes. Par moments pointe même la mélancolie du romantisme européen (Heaven Hill). Mais, très vite, l’ensemble se met à bouillonner, les notes de synthés, les bidouillages bizarres et l’ombrageuse voix de Rebotini se greffent à une trame souvent empruntée à une techno aussi mentale que physique (Approche/Accumulation, Frontier).
Rebotini et Zanési montrent certes plus de retenue qu’en concert où les morceaux de Frontières ont été testés et étirés. Mais ils s’ingénient à installer une tension dramatique qui débouche parfois sur un vrai état de transe (le martial 12345678 et surtout le diabolique Acidmonium). Entamé et bouclé par deux Hymns (autre clin d’œil à Stockhausen), Frontières célèbre avec éclat une musique électronique profonde et ciselée.
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