Avant que Martin Hannett, l’ascète producteur de Joy Division, ne vienne y mette bon ordre en 1980, sur leur troisième (et meilleur) album The Correct Use of Soap, Magazine aura entretenu un flirt secret mais assez poussé avec l’ennemi des punks : le rock progressif. Transfuge des Buzzcocks saison 1, Howard Devoto, avec ses maquillages […]
Avant que Martin Hannett, l’ascète producteur de Joy Division, ne vienne y mette bon ordre en 1980, sur leur troisième (et meilleur) album The Correct Use of Soap, Magazine aura entretenu un flirt secret mais assez poussé avec l’ennemi des punks : le rock progressif. Transfuge des Buzzcocks saison 1, Howard Devoto, avec ses maquillages de pierrot lunaire et son phrasé théâtral, n’est pas sans évoquer Peter Gabriel.
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La pochette et les passages instrumentaux de Secondhand Daylight s’avèrent également plus proches du Genesis de Foxtrot que de Wire. Entre ces deux planètes distinctes, il y eut, avant Magazine, le satellite libre Brian Eno, et le son global du groupe (ses claviers et guitares convulsifs, ses digressions instrumentales mais ses nerfs toujours tendus), doit beaucoup aux premiers albums solo de l’ex-Roxy Music.
Ainsi, on se rend compte grâce à ces rééditions que Magazine fut un groupe réellement à part dans la cartographie de l’Angleterre postpunk, et singulièrement sur la scène peu démonstrative de Manchester. Real Life, en 1978, possède toujours cette audace des premières fois, alternant les saillies pop-punk (Shot by Both Sides) et les divagations de saxophone et de claviers planants (Parade), avec en bonus ici une version étonnante de Goldfinger. Le groupe pensa d’ailleurs un moment embaucher John Barry pour produire son second album, ce qui aurait constitué un tournant radicalement opposé à celui emprunté par Secondhand Daylight.
On l’a dit, The Correct Use of Soap constitue la porte d’entrée idéale pour les néophytes ? qui reconnaîtront sans mal les pages entières recopiées chez Magazine par l’actuelle génération ? alors que Magic, Murder and the Weather, doté d’un son bâtard et de compositions plus anodines, précipita logiquement en 1981 ce grand groupe dans le vide. D’où il convient expressément de le faire remonter.
Aussi disponible : The Correct Use Of Soap, Secondhand Daylight et Magic, Murder & the Weather.
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