On continue à redécouvrir l’Afrique qui rime avec psychédélique, ici côté Bénin et Togo.
Quand Samy Ben Redjeb retrace les trente mois de tribulations nécessaires à la réalisation de ce recueil de raretés, ne lui manque finalement que feutre et fouet pour incarner le parfait Indiana Jones du vinyle perdu. L’épisode raconté dans le livret où, coincé dans un hangar de Cotonou par 40 degrés à trier 25 000 albums, il voit soudain ses mains se couvrir de scorpions cachés dans les rayonnages, illustre à merveille cette quête qui le vit parcourir la région par avion, bus, taxi-brousse ou mobylette.
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La valeur de l’aventure se mesurant à l’aune du trésor trouvé, ces enregistrements sur lesquels se sont accumulés trente ans de poussière et d’oubli sont inestimables pour au moins deux raisons. Ils réhabilitent deux pays, Bénin et Togo, pris en sandwich entre le Ghana du high-life et le Nigeria de l’afro-beat, et donc rarement cités ou mis à l’honneur s’agissant des musiques urbaines d’après indépendance.
Ils font revivre certaines des heures les plus folles de la scène ouest-africaine, celles où le funk de James Brown et la soul de Stax libéraient toute une jeunesse sans la détourner de son patrimoine. C’est chargées d’un charme local, celui propre aux labels Moussaouiphone et Albarika, que nous reviennent ces faces enregistrées par les vedettes de l’époque, Gabo Brown, Lokonon André, Ouinsou Corneille ou Roger Damawuzan.
Mais aussi saisies d’un vertige psychédélique rénovant le langage instrumental par un usage souvent très inspirés de la pédale wha wha, de l’orgue Hammond et de rythmiques brutes. De sorte que ceux qui ont béni les compilations Nigeria 70 et Love’s a Real Thing (The Funky Fuzzy Sounds of West Africa) – sur laquelle figurait déjà un titre de l’Orchestre Poly-Rythmo, ici omniprésent – peuvent s’attendre à être embarqués dans le même train, cahotant, élucubrant, fou.
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