Millionnaire par talent mais socialement suicidaire, le cabot de Paisley Park a plus dépensé ses années 90 à chercher des noises à la terre entière qu’à essayer de bonifier sa discographie. Aujourd’hui, il y a donc deux Prince, celui qui a signé l’intégralité des prototypes funk modernistes des années 80 et une diva victime de […]
Millionnaire par talent mais socialement suicidaire, le cabot de Paisley Park a plus dépensé ses années 90 à chercher des noises à la terre entière qu’à essayer de bonifier sa discographie. Aujourd’hui, il y a donc deux Prince, celui qui a signé l’intégralité des prototypes funk modernistes des années 80 et une diva victime de ses caprices, embringuée dans des conflits juridiques sur ses droits d’auteur, persuadée qu’elle doit changer d’identité pour la santé de sa musique et de son image. Avec Rave on 2 the joy fantastic, on est ravis de voir les deux faces du personnage enfin réunies. Modèle schizophrène, Prince a ici établi un semblant d’organisation dans son imbroglio identitaire. Pour cet album, Prince produit la musique de The Symbol, interprète des chansons écrites par The Artist. Trois rôles pour un seul acteur qui a retrouvé toutes ses capacités d’écriture. Car depuis Revolution, jamais il(s) n’avai(en)t à ce point maîtrisé son (leur) sujet. Réconcilié avec lui-même, Prince a remis la main sur les formules magiques qui donnaient à son funk son pouvoir hallucinogène : une collection de mélodies pop exemplaires, ce cybergroove chevauchant les boîtes à rythmes métalliques, des pluies de claviers étoilés, le sens du gadget sonore, ces guitares effilées qui faisaient de When doves cry une arme blanche, ce son émacié et rêche et, enfin, cette endurance d’écriture qui lui permit longtemps de parcourir la distance qui séparait Sly Stone des Beatles. En recouvrant cette santé mentale et artistique, Prince a renoué avec ses habitudes de Paisley Park, invitant quelques forts caractères (Maceo Parker) et une cohorte de filles. C’est ici qu’il renoue avec ses petites faiblesses et se révèle avare en talent : lorsqu’il s’agit de composer des titres chantés avec Sheryl Crow, Gwen Stephani ou Ani DiFranco. Trois péchés mignons insignifiants au regard de cette synthèse funk dosée au milligramme entre la sécheresse hip-hop, la rigueur pop, le luxe soyeux des romances à cordes et le pur sucre.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}