Il existe aujourd’hui deux Prince : celui qui a signé l’intégralité des prototypes funk modernistes des années 80, et une diva victime de ses caprices, persuadée qu’elle doit changer d’identité publique pour la santé de sa musique et de son image. Avec Rave on 2 the joy fantastic, on est ravis de voir les deux […]
Il existe aujourd’hui deux Prince : celui qui a signé l’intégralité des prototypes funk modernistes des années 80, et une diva victime de ses caprices, persuadée qu’elle doit changer d’identité publique pour la santé de sa musique et de son image. Avec Rave on 2 the joy fantastic, on est ravis de voir les deux faces du personnage enfin réunies. Modèle schizophrène, Prince produit ici la musique de The Symbol et interprète des chansons écrites par The Artist. Trois rôles pour un seul acteur qui a retrouvé toutes ses capacités d’écriture. Car depuis Revolution, jamais il(s) n’avai(en)t à ce point maîtrisé son(leur) sujet. Réconcilié avec lui-même, Prince a remis la main sur les formules magiques qui donnaient à son funk son pouvoir hallucinogène : une collection de mélodies exemplaires, ce groove chevauchant les boîtes à rythmes métalliques, des pluies de claviers étoilés, des guitares effilées, ce son émacié et rêche et, enfin, cette endurance d’écriture qui lui permit longtemps de parcourir la distance qui séparait Sly Stone des Beatles. En recouvrant cette santé mentale et artistique, Prince a aussi renoué avec ses habitudes de Paisley Park, invitant quelques forts caractères (Maceo Parker) et, bêtement, une cohorte de filles (Sheryl Crow, Gwen Stephani et Ani DiFranco) qui remettent à nu ses petites faiblesses. Trois péchés mignons insignifiants au regard de cette synthèse funk dosée au milligramme entre la sécheresse hip-hop, la rigueur pop, le luxe soyeux des romances à cordes et le pur sucre.
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