Le Britannique ébouriffé a digéré ses influences 90’s. Pour son deuxième album, il enjambe l’Atlantique et se plonge dans la frénésie de L.A., épaulé par le vétéran punk Tim Armstrong dans son studio californien.
Découvert dans un hip-hop rock insolent où se dissolvaient pêle-mêle guitares punks, rythmes reggae, nappes entêtantes et bidouillages DIY, le cool kid perdu de la périphérie de Londres enchaîne les sorties sans cesser d’interloquer. Pur produit des années 2010 dans sa façon de consommer la musique, ingurgitant dans sa jeunesse des heures de clips sur YouTube pour apprivoiser de nombreuses références, le jeune homme de 22 ans est très vite fasciné par les années 1990. Sans pour autant s’enfermer dans un genre, capable d’envolées pop mielleuses (le refrain de Laidback sur son premier album Scum en 2017) comme d’acides pamphlets politiques froidement rappés (Slave to the System, sur l’ep Civil Disorder paru l’an dernier).Et si une profonde tension punk serpente dans l’ensemble de son œuvre, il aura fallu attendre sa rencontre avec Tim Armstrong (des groupes Rancid et The Transplants) pour qu’elle explose au grand jour.
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Jeunesse perdue où la colère et la défonce naissent du même ennui
Les grosses guitares grondent sur Chip on My Shoulder, incroyable banger et deuxième single sorti en octobre 2018 qui, à coup sûr, déclenchera d’intenses pogos dans le public de sa tournée européenne à venir. Une sauvagerie que viennent raviver au long de l’écoute I Wanna Skate, So What ou Flies, que le Green Day des années 1990 n’aurait pas renié. C’est à ce genre de lignes de basse très typées punk-rock que s’accroche Rat Boy, moins versatile qu’à ses débuts, pour narrer sa jeunesse perdue où la colère et la défonce naissent du même ennui alors que les après-midi d’ado s’éternisent dans la longueur et la langueur à tirer sur les mêmes joints avec la même bande de potes.
Un album sauvage, festif, éclectique mais cohérent
Pas question pour autant de tomber dans l’apathie. Paradoxalement accompagné d’une guitare lourde et pesante, My Name Is Rat Boy est, dès la deuxième piste, l’occasion pour le Britannique de montrer le tranchant de son flow le plus vif. Quant à ses écarts pop, la patte d’une direction artistique plus claire qu’auparavant se fait sentir dans le ton nuageux de Follow Your Heart, mélodie gentiment psychédélique jurant avec les morceaux surproduits qui avaient émaillé ses précédentes sorties (tel Be My Anime sur Civil Disorder). De cette connexion entre les deux musiciens, qui partagent références et admiration malgré leur trente ans d’écart, naît un deuxième album sauvage, festif, éclectique mais cohérent, dont les refrains ne manqueront pas de résonner à la Maroquinerie le 6 mai, pour le lancement de sa tournée européenne.
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