Alors que The Rapture vient de se séparer sans faire de vague, retour sur cinq chansons incontournables du quatuor Américain. L’occasion de rappeler qu’il fut, mine de rien, un des grands groupes des années 2000.
Cette semaine, on apprenait la disparition de The Rapture, groupe qui fut essentiel dans l’élaboration d’un son clairement identifiable dans les années 2000. Irrémédiablement lié au label DFA et à l’émergence d’une patte dance-punk, le groupe a su flouter les frontières et ramener la danse dans le rock, avec une influence qui s’est depuis bien émancipée des boroughs new-yorkais.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Out Of The Races And Onto The Tracks (2001)
A l’origine, The Rapture vient plutôt du punk, et cette influence se fait effectivement fortement sentir sur leurs premières sorties (on retrouvera cet esprit sur la suite de leur discographie, qui s’estompera néanmoins progressivement à chaque album). Tout d’abord signé chez les petits Gravity Records, le groupe sort le mini-album Mirror (largement dispensable), puis se fait repérer par les pontes de Sub Pop. En porte-étendard de leur EP Out Of The Races And Onto The Tracks de 2001 figure la chanson-titre, et c’est déjà une énorme claque. Scie lo-fi aux guitares déchiquetées et à la voix éraillée, le morceau n’en oublie pas sa vocation première : danser, danser, danser. Et préfigure la vague dance-punk new-yorkaise à venir, avec le succès que l’on connaît.
House of Jealous Lovers (2003)
En 2003, The Rapture signe chez l’écurie DFA Records (le label de James Murphy de LCD Soundsystem), et connaît sa véritable période d’état de grâce. Il faut dire qu’à l’époque, James Murphy et ses potes sont un peu les rois du monde. Ce sont eux qui ramènent la danse et la fièvre dans la Grosse Pomme, et cet épiphénomène sera bientôt amené à régner sur la planète. Lorsqu’on écoute Echoes, premier véritable album et sommet du groupe, on se dit que tout est parfait : la production incisive, au plus près des instruments et ébréchée juste ce qu’il faut, les hymnes dansants fédérateurs (avec House of Jealous Lovers en figure de proue insubmersible), les morceaux qui naviguent dans des eaux plus troubles (Open Up Your Heart), l’insolence de l’ensemble, etc… Dix ans plus tard, le truc n’a pas pris une ride et est toujours aussi excitant. Le signe des grands albums.
Sister Saviour (2003)
« If I drink myself to death, at least I’ll know I had a good time ». Cette ligne résume parfaitement le Rapture hédoniste de l’époque. Danser jusqu’à plus-soif, danser jusqu’à l’épuisement, tel est le leitmotiv qui court dans chaque disque du groupe (jusqu’à In The Grace Of Your Love). Pour Echoes, les new-yorkais d’adoption se sont adjoints les services de Gabriel Andruzzi, saxophoniste de son état, et la palette sonore de The Rapture se prend un sacré coup de rein. Venant offrir un contrepoint très acid-house-des-origines aux guitares toujours aussi tranchantes de Luke Jenner, l’instrument enrichit considérablement le son de The Rapture et sera désormais la marque de fabrique du groupe (avec l’inusable cowbell), pour des chansons que l‘on reprendra en chœur, en sueur, en transe et jusqu’au bout de la nuit. Alors, on danse ? Bien sûr que oui.
http://youtu.be/bi5sIB7qiMo
First Gear (2006)
Désormais plus dance que punk, The Rapture voit les choses en grand et signe carrément chez Universal. Co-produit par Danger Mouse et Paul Epworth, le surproduit Pieces of the People We Love vise ostensiblement le haut des charts. Malheureusement pour le groupe, cet objectif sera un demi-échec, le disque se vendant finalement moins bien que Echoes. Sur le plan artistique, le groupe est déjà sur la pente descendante, mais n’oublions pas que l’essence même de The Rapture n’a jamais été dans leurs albums (qui tiennent tous plus ou moins difficilement la longueur), mais bien dans leurs singles. Si le groupe est donc en peu en-deçà du précédent album, il n’en oublie pas de livrer des tubes imparables (on pense notamment à l’inoxydable Get Myself Into It). Sur First Gear, le patronage de James Murphy se fait encore sentir, avec une chanson qui commence avec une basse ultra-présente et étouffante, pour se muer progressivement en hypnose club intoxicante à la tension ravageuse.
http://youtu.be/WxMjUrCpw-I
How Deep is Your Love (2011)
Ça sent le sapin pour le groupe. Lâchés par Universal suite au raté commercial que constitue Pieces Of The People We Love, The Rapture se rabat sur son amour de toujours, le bien-aimé DFA Records (avec l’aide de Modular). Produit par Phillipe Zdar (qui sort du carton plein du Wolfgang Amadeus Phoenix de la bande à Thomas Mars), In The Grace Of Your Love annonce la déliquescence du groupe. Disque souffreteux à l’influence gospel et faisant suite au départ du bassiste (et co-chanteur) Matt Safer, on peut définitivement parler d’album-malade ici.
Néanmoins, le groupe parvient à tirer cette déconfiture à son avantage, même si ces éclairs se font de manière sporadique sur l’ensemble du disque. Quoiqu’il en soit, The Rapture en profite pour signer ce qui reste probablement comme sa plus grande chanson. S’étirant sur plus de six minutes, How Deep Is Your Love constitue une cavalcade disco irrésistible : plus inquiète qu’à l’accoutumée, sa danse se fait désormais consciente de sa propre vulnérabilité et de l’angoisse du temps tout en restant irrémédiablement rivée au dancefloor. Lorsque le saxo fait irruption à mi-parcours, on se dit qu’un groupe n’aura jamais aussi bien porté son nom : l’extase.
{"type":"Banniere-Basse"}