Le lyrisme débridé de ces infatiguables Canadiens fait merveille.
Spencer Krug a un truc pour gagner de la place dans son appartement de Montréal : pas besoin de chambre, il ne dort jamais. Entre Wolf Parade, Swan Lake, Frog Eyes et surtout Sunset Rubdown, toutes les formations qu’il a lancées aux trousses d’Arcade Fire, il semble posséder douze bras et ne jamais s’arrêter pour souffler – impression renforcée par le fait que ce deuxième album sort au moment même où le précédent, Shut up I’m Dreaming, est réédité. De tous ses projets, ce disque apparaît désormais comme le plus abouti et le plus personnel, avec son lyrisme échevelé. Le rock de Sunset Rubdown flirte avec le psychédélisme sans jamais s’endormir, avec le progressif sans jamais s’embourber, avec le pompeux sans jamais écœurer.
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Comme il semble avoir plus d’idées que le nombre autorisé de chansons par album, il en case donc un maximum au sein de chaque titre où le début, le refrain et la fin ne semblent tenir ensemble que par son seul génie. L’époustouflant Winged/Wicked Things brille par sa frénésie galopante avant de s’assombrir par son effrayant refrain (“And chaos is mine…”). Il résume un groupe qui doit autant aux Flaming Lips qu’aux troupes autrefois illuminées par l’immersion dans leur folie intime (et qui n’avaient pas peur de transpirer sur leur accordéon), comme The Band Of Holy Joy ou les Pogues.
Up on Your Leopard, Upon the End of Your Feral Days démarre ainsi comme une fête de village celte qui va dégénérer pour ensuite laisser la voix hantée de Krug donner libre cours à ses visions hallucinées sur fond de guitare millésimée 70. Toutes les directions prises par Spencer Krug donnent le tournis mais fournissent aussi l’incroyable énergie de cet album dont on redescend sonné comme d’un manège pris de folie.
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