New-wave et glamour : en ce début d’eighties, Japan nous refait un coup à la New York Dolls, androgynie de rigueur. Puis, le groupe affine sa musique, s’assagit. Enfin, David Sylvian en a marre de jouer le mariole de service et s’envole en carrière solo ? nous sommes en 83 ? entre écriture pop et […]
New-wave et glamour : en ce début d’eighties, Japan nous refait un coup à la New York Dolls, androgynie de rigueur. Puis, le groupe affine sa musique, s’assagit. Enfin, David Sylvian en a marre de jouer le mariole de service et s’envole en carrière solo ? nous sommes en 83 ? entre écriture pop et mélancolie avant-gardiste. Une carrière intacte pendant que ses compères s’égaraient en solo, en Dolphin Brothers ou en Dalis Car. C’était lui l’âme du groupe, lui l’auteur des perles, Nightporter, Ghosts, Cantonese boy Les artisans sonores, la basse de Mick Karn, le synthé de Barbieri, la batterie de Steve Jansen ? on s’en rend compte aujourd’hui en constatant à quel point le son Japan est daté ? étaient un frein à la luminosité pop du groupe. L’an dernier, ces quatre-là se retrouvaient, juste pour voir, sans le moindre a priori, si ce n’est celui de ne pas se reformer pour le plaisir de se reformer. C’est-à-dire en évitant le piège dans lequel sont tombés tant et tant de groupes. Après huit ans de séparation, quel jus était-il possible de tirer de cette réunion ? Et d’abord, sous quel angle appréhender cette réunion pour ne pas refaire un décalque de Japan ? Chacun fort de sa petite expérience arty, ils décidèrent d’employer les voies de l’improvisation collective, une recette qui a fait ses preuves mais a également occasionné quelques ratages éclatants’ Enfin, pour bien marquer le coup, ce devait être un projet temporaire, pas une tentive acharnée de succomber au dinausorisme. Donc, ce serait immortalisé sous le nom de Rain Tree Crow (corneille d’arbre à pluie ?). Exit Japan.
Qui revient au galop et sous sa forme la plus pénible ? jazz niouwave ? dès le premier morceau, l’interminable Big wheels in shantly town. Ensuite, l’empreinte David Sylvian prend globalement le dessus : après ses collaborations avec Sakamoto ou Czukay, il est visiblement toujours sous l’emprise de la new-age dans laquelle il délaie inutilement ses pop-songs. Rain Tree Crow est un disque (doit-on dire un groupe ?) paresseux, au sens noble du terme. Il s’en dégage une léthargie et un immatérialisme proches de ceux qui touchent toute une frange de musiciens trentenaires éloignés du rock (de Talk Talk à David Byrne, la palette est large) et inspirés de maîtres dignes, Eno par exemple. Et chaque fois que la mélodie sait prendre le dessus sur l’instrumentation ? le miniature Boats for burning, Rain tree crow, Blackwater, superbe ?, on retrouve l’émotion cocoonnée que sait si bien servir David Sylvian. Le paysage désertique frappé d’une raie lumineuse mystique de la pochette est finalement un bon indicateur : lorsque c’est le désert, la pop épurée, on aime ; dès qu’on tombe dans la lumière, le foisonnement instrumental apparaît et c’est indigeste.
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