Cette semaine, Radiohead s’installe au Zénith parisien pour deux concerts à guichets fermés. Récit de la première soirée où, pendant près de 2h30, le groupe a continué d’impressionner et de surprendre.
Les 20 et 21 mai derniers, Radiohead a joué à Amsterdam ses premiers concerts depuis 2012. Un rapide coup d’œil aux setlists laissait présager de grands moments pour leur passage à Paris quelques jours plus tard. Sorti début mai, A Moon Shaped Pool, leur neuvième album, les a propulsés à nouveau vers les cimes en orientant leurs expérimentations vers des instrumentations organiques et des mélodies acoustiques, loin des ambiances confinées un brin monotones de leurs derniers albums.
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Retrouvailles avec les têtes chercheuses
On attendait donc beaucoup de nos retrouvailles avec ces têtes chercheuses. Dès son entrée en scène sur Burn The Witch, le groupe captive immédiatement. Deux batteurs (Phil Selway et son double) se chargent des rythmiques complexes, pendant que Jonny Greenwood joue de la guitare électrique avec un archet sur les couplets, façon Sigur Rós, pour pallier l’absence de musiciens à cordes. Les cinq premières chansons suivent l’ordre de leur nouvel album – mention spéciale à Decks Dark, qui atteint des sommets, entre douceur initiale et fulgurance finale. Malgré l’absence de musiciens supplémentaires pour incarner les cordes savantes, ces nouveaux titres éblouissent encore plus que leurs versions studio. Dix des onze morceaux qui figurent sur le fabuleux A Moon Shaped Pool seront ainsi interprétés tout au long de la soirée.
Un énorme cri de joie secoue le Zénith aux premières lignes de basse de The National Anthem, brûlot à la fois anxiogène et magnifique où le multi-instrumentiste Jonny Greenwood fait encore une fois des miracles, en triturant les ondes radio ou en caressant les ondes Martenot. L’enchaînement avec l’explosif My Iron Lung et la comptine No Surprises ravive les passions nostalgiques d’une époque où Radiohead consacrait ses recherches plus au rock et à la pop qu’à l’electro. Nettement plus épanoui sur scène que par le passé, Thom Yorke touche en plein cœur avec sa voix intacte et unique. Il n’hésite pas à se lancer dans des danses païennes très personnelles, inimaginables à leurs débuts.
Après un rapide « happy birthday » à Phil Selway, un passage moins étincelant, étiré sur plusieurs chansons, prend fin grâce à l’ensorcelant Everything In Its Right Place, suivi par Idioteque et Bodysnatchers, deux morceaux enflammés après lesquels le groupe quitte la scène.
Creep : la surprise inespérée
La soirée est loin d’être terminée, le groupe se montrant souvent plus que généreux lors de ses rappels plantureux. Radiohead s’appuie sur un dispositif impressionnant tant pour les écrans vidéo que pour le lightshow ou la qualité sonore. Mais tous ces effets spéciaux ne seraient rien sans un songwriting de maître. La preuve dans ce premier rappel composé de cinq titres, notamment avec Paranoid Android, morceau-fleuve d’OK Computer dont on ne se lassera jamais, ou encore le poignant True Love Waits (« Je ne vis pas, je ne fais que tuer le temps »).
En guise de deuxième rappel de luxe, Radiohead réserve à son public parisien une surprise inespérée en jouant Creep, leur premier tube qu’ils ne jouent que très rarement. Le groupe n’adapte pas ses anciens morceaux à sa nouvelle direction, préférant les interpréter comme à l’origine. A la fois cérébral et accessible, impressionniste et cinglant, Radiohead continue de fréquenter les sommets sans tourner le dos à des envies plus terre-à-terre. En conclusion crépusculaire, Pyramid Song finit la soirée sur un bon conseil : « Il n’y avait rien à craindre et rien à douter ». Après sa deuxième soirée au Zénith, Radiohead reviendra en France le 1er juin pour un concert à Lyon, aux Nuits de Fourvière.
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