Croisés notamment en première partie d’IAM, les Canadiens de Radio Radio font du hip-hop en Acadien, et le font rudement bien : interview au long cours d’un groupe au croisement de tout, à la langue unique, de types absolument drôles et résolument passionnants.
Vous vous êtes rencontrés comment, toute la gang?
Gab : On s’est rencontré à un concert en Acadie pour les musiciens en musique éléctronique, et moi j’étais DJ à l’époque et eux (Jacobus et Maleco) étaient LE groupe hip-hop en Acadie.
Jacques : Le groupe hip-hop pas parce qu’on était hot, mais parce qu’on était le seul !
Gab : Et on a commencé à traîner ensemble. Ça fait huit an passés, moi j’avais début vingtaine.
Jacques : Ouais, moi j’avais 19-20.
Tout le monde dit que vous chantez en chiac, mais est-ce que c’est vraiment vrai ? Ce n’est pas plutôt de l’acadien français ?
Gab : Oooh, les bonnes questions ! C’est ça, la Baie Ste-Marie ils appellent ça l’acadjon, à Moncton, sud-est-Nouveau Brunswick c’est plus là que c’est les racines du chiac comme tel.
Jacques : Le Québec voulait s’identifier à un mot en commun, et pour le Québec le Nouveau-Brunswick est l’Acadie et la Nouvelle-Ecosse est anglophone. Enfin c’est l’image que les gens ont en général. Soit ils ne le savent pas, soit ils ne l’ont pas étudié, je ne sais pas.
Gab : Il y a des subtilités.
Jacques : Oui, c’est des petites différences. On se comprend bien mais on ne dit pas les mêmes choses. C’est comme avec le Québec, on se comprend bien mais on ne dit pas les mêmes choses. Enfin, souvent nous on les comprend mais pas eux au début ! Mais c’est tellement semblable le chiac et l’acadjon qu’on s’est dit « ok, le Québec veut appeler ça du chiac, on va dire que c’est du chiac ! »
Gab : Mais il y a des différences.
Il y a du « chiac » et de l’ « acadjon » alors dans Radio Radio ?
Gab : On s’influence mutuellement, mais « en principe » moi je parle chiac et Jacques parle acadjon, mais si tu viens du Québec tu ne vas pas forcément t’en rendre comte.
Jacques : Mais si tu viens de la Nouvelle-Ecosse tu vas savoir que lui parle différemment, et si tu viens du Nouveau-Brunswick tu vas savoir que moi je parle différemment.
Un peu comme les différents patois québécois finalement.
Gab : Ouais c’est ça, et comme les différents patois français. Moi je viens du Nouveau-Brunswick et je me rends pas vraiment compte qu’il y a des accents différents à Montréal ou à Laval, mais les gens de Montréal s’en rendent compte.
Le titre Belmundo Regal est inspiré de quelqu’un. Qui est cette personne ?
Jacques : En fait Belmundo c’est le nom d’une personne, Belmundo Regal c’est le mythe derrière une personne. On a pris quelqu’un qu’on a rencontré à Lunenburg, près de Oak Island. On était en Nouvelle-Ecosse, on n’avait jamais été là, mais Gabriel avait vu un documentaire dessus alors on est allé voir. On était dans un petit café et le gars vient nous parler, nous raconte ses histoires d’aventures en Afrique. On pense que c’était un Argentin, et il dit que son nom est Belmundo. Si c’est vrai on ne le sait pas, on ne va jamais le savoir et on s’en fiche, à ce point-ci, mais c’est un gars qui nous a tellement influencé avec ses histoires, sa passion de vivre ! Le gars a créé le mythe Belmundo Regal, qui est le mythe derrière la vraie personne. Donc tout ce qui est l’album c’est nous qui l’avons créé. Mais c’est basé sur la vraie personne.