Ils publient un premier album en forme de carnet de voyages, où l’écriture symboliste est reine. Et le rock éclairé.
Juste avant la ruée, les inRocKs lab tendaient l’oreille vers le plus lettré des groupes français depuis Dominique A, dans un EP(2014) culotté et fougueux. Puis ce fut Les Moissons de bonnes critiques à l’écoute d’un second mini-périple (2015) amorçant une transition vers des mélodies plus synthétiques mais tout aussi têtues. Les Conquêtes de Radio Elvis ne font donc que commencer, avec un premier album généreux, dessiné comme un carnet de route imaginaire, une odyssée initiatique.
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Transpirant la fièvre du départ (Solarium), il traverse le continent africain (Caravansérail), fait escale dans le désert de Libye (La Route), s’envole pour les grandes plaines d’Amérique (Les Moissons) et s’enivre de Mexique (Passé le fleuve) avant d’atteindre une terre promise dans un titre fleuve de dix minutes (Au large du Brésil/Le Continent). Produit par Antoine Gaillet (Julien Doré, Arman Méliès), cet album inaugural s’émancipe peu à peu de ses aînés et modèles (Bashung, Noir Désir), taillant son propre sillon pour perpétuer ce rock français savant.
Toujours atteint de cette sainte ivresse d’écrire, Pierre Guénard, slameur par le passé, tient en haleine du début à la fin sur des chemins de traverse que viennent sublimer l’épopée mélodique de ses copains cavaliers Manu Ralambo (basse) et Colin Russeil (batterie et claviers). Et si cette verve dévorante nous embarque à première vue dans des expéditions historiques (Martin Eden de Jack London mais aussi Pierre Loti et Saint-Exupéry), elle dissimule, sans doute par pudeur, un second niveau de lecture : une quête spirituelle et parfois même quelques bonnes punchlines (“la force est à ceux qui restent maîtres d’eux”).
Symboliste dans les textes, mais les pieds bien sur terre (ou sur la pédale), le trio profite de ses premiers ébats et succès avec le public pour tailler la route, avalant les kilomètres par dizaines de milliers. La boucle est ainsi bouclée : “Les chansons nous amènent à voyager, donnant vie à d’autres chansons sur ces voyages. C’est sans fin.”
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