Insolemment riche et futé, ce second album maltraite l’Histoire et s’y fait une place. Au fond, près du radiateur.Avis à la foule des retardataires, distraits impénitents et autres fauchés chroniques qui auraient loupé Fuzzy logic, le premier épisode des aventures brindezingues de Super Furry Animals : sorti dans l’indifférence générale au mois de mai de […]
Insolemment riche et futé, ce second album maltraite l’Histoire et s’y fait une place. Au fond, près du radiateur.
Avis à la foule des retardataires, distraits impénitents et autres fauchés chroniques qui auraient loupé Fuzzy logic, le premier épisode des aventures brindezingues de Super Furry Animals : sorti dans l’indifférence générale au mois de mai de l’année dernière, ce disque fulgurant n’aura vécu que l’espace de six mois dans les bacs, avant de se voir retiré du catalogue. D’habitude, on appelle ça un bide, on a raison, mais ça n’explique rien. Ça n’explique pas pourquoi le compteur Geiger des radios ne s’est pas affolé à l’écoute de Hometown unicorn ou Bad behaviour, ça n’indique pas pourquoi Super Furry Animals n’est pas Oasis ou Blur à la place d’… Cela dit, on a comme dans l’idée que ces Gallois mal léchés, imprégnés de houblon et de frustrations, se foutent pas mal du succès, de même qu’ils tapent dès qu’ils le peuvent sur le concept faisandé de la brit-pop. Affaire de gènes, sans doute. Quand on est natif du pays de Galles, par essence, on déteste les Anglais, on a la défaite accrochée à l’âme et surtout, on est large d’esprit. Ne serait-ce que parce qu’ils ont d’abord trempé dans la techno avant de s’attaquer à la pop tous azimuts, on s’interdira toujours de ranger les gens de Super Furry Animals dans la case exiguë des laudateurs de l’acquis musical britannique. Pas gâteux, Gruff Rhys et ses amis, bien trop honnêtes pour remâcher les sempiternelles recettes de Roxy Music, Buzzcocks, T. Rex ou Small Faces comme on rumine un plan de carrière. En prenant quelques libertés avec l’histoire officielle, un peu à la manière de ses potes de Gorky’s Zygotic Mynci, Super Furry Animals soude à l’arc les notions de dévotion et d’iconoclasme, de respect et d’insolence, dans une gerbe magnifique d’étincelles psychédéliques. A la limite, le seul reproche qu’on pouvait adresser à Fuzzy logic, c’est qu’il commençait à cent à l’heure, avant de se déliter un brin au fil des chansons.
Radiator, lui, commence très fort (Placid casual), poursuit très, très fort (Demons, Hermann loves Pauline) et finit… très fort, merci pour lui (Mountain people). Pendant que les nouveaux riches de Blur s’achètent une respectabilité lo-fi qui doit bien faire se marrer Lou Barlow, Super Furry Animals occupe le terrain sans se poser de questions, avec l’arrogance en moins, la fantaisie, les guitares incendiaires, les choeurs à la tierce et la fraîcheur mélodique en plus. Au pays de Galles, même s’il ne reste plus grand-chose, on ne se résout pas à ouvrir la chasse au gaspi. Alors on gaspille, à qui mieux mieux, sa fierté, son humour, son foie, sa chaleur, son énergie, son talent. Super Furry Animals ne déroge pas à la règle. Dans chacune de ses chansons, il y a suffisamment d’idées neuves pour remplir une carrière de Mansun. Partant de là, il suffit de multiplier cette somme par quatorze morceaux de Radiator pour obtenir le produit astronomique d’un album qui affole déjà les calculettes.
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