Creuser à mains nues les terres désolées de Creedence et du Velvet : le noble artisanat de ce casanier au long cours. A la limite, on pourrait suivre son exemple, faire l’économie d’une chronique. Juste consulter les vieux numéros et décalquer la précédente. Ça fonctionnerait sûrement. Walter Salas-Humara n’a jamais trop eu la bougeotte, jamais […]
Creuser à mains nues les terres désolées de Creedence et du Velvet : le noble artisanat de ce casanier au long cours.
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A la limite, on pourrait suivre son exemple, faire l’économie d’une chronique. Juste consulter les vieux numéros et décalquer la précédente. Ça fonctionnerait sûrement. Walter Salas-Humara n’a jamais trop eu la bougeotte, jamais connu cette envie souvent impérieuse d’aller voir ailleurs si c’est mieux. Comme il ne va nulle part, Walter Salas-Humara ne risque pas de se perdre en route. Il reste à la maison et rejoue encore et toujours la même petite chanson. Pour lui d’abord, éventuellement pour nous. Jusqu’à l’obsession. Entre Lagartija, qui affiche déjà sept saisons au compteur, et ce Radar tout neuf, il y aurait peut-être l’espace de glisser une feuille de papier à cigarette. A la rigueur. C’est dire combien la chose est précieuse. Dans l’intervalle, trois albums somnambuliques des Silos prête-nom qu’il endosse quand il y pense n’y auront rien changé. Pas plus que la guitare à dix cordes de Kevin Salem, cette âme damnée de la ligne claire d’Hoboken, qui tente désespérément de rudoyer son employeur d’un jour. Autant vouloir ébranler l’Ayers Rock : on ne changera pas Walter Salas-Humara. Il y a du poète japonais chez cet homme, ses albums sont comme un haïku qu’il remanierait indéfiniment. Une esquisse de rock, une épure, tracée sur un confetti d’une main entravée d’elle-même. Le lien, c’est ce violon aveugle, cette guitare archéenne qui ne sait que les accords f taux de Creedence Clearwater Revival et du Velvet Underground. C’est cette voix cossarde qui rampe doucement sur les morceaux, cette voix du Sud qu’on dérange pendant la sieste. Walter Salas-Humara ne possède pas la candeur désarmante, le regard émerveillé que ses complices des Vulgar Boatmen jettent sur le monde. Il mâchonne son cafard dans un coin, pudique, et ne demande rien à personne. Ça donne des disques arides et désintéressés, des disques brûlés, consumés d’une angoisse volatile, des disques de traversée du désert. Avec, au bout, l’impression de renaître à la musique. Pour mieux entonner la petite chanson de Walter Salas-Humara.
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