Bruxelles a autorisé l’opération de rachat entre les deux Majors. Mais a imposé de très nombreuses cessions d’actifs.
C’est avec une semaine d’avance sur la date préalablement annoncée que la Commission Européenne chargée du dossier a rendu son verdict : Universal Music Group, branche de la multinationale française Vivendi, est autorisé au rachat de Emi moyennant un montant de 1,5 milliard d’euros et quelques concessions. Celles-ci touchent essentiellement à des actifs que la première compagnie de disques mondiale accepte de céder à ses concurrents dont la valeur approcherait les 750 millions d’euros, soit un tiers du chiffre d’affaire annuel global de Emi.
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La plus grosse de ces rétrocessions concerne le label Parlophone qui abrite entre autres le catalogue des Pink Floyd, de Blur, des Gorillas et de Coldplay, désormais à acquérir. En revanche, les Beatles, autre joyau et non des moindres puisqu’il a contribué plus qu’aucun autre au rayonnement la maison Emi depuis un demi-siècle, rentre bien dans l’escarcelle Universal, comme l’est celui des Beach Boys, de Genesis ou de Kate Perry.
Autre mesure de compensation, certains labels que détenait UMG se voient également mis sur le marché tels Sanctuary ou Co op qui fédère notamment Bella Union (Fleet Foxes, Midlake…) , Kitsuné (Two Door Cinema Club…) et Wichita (Bloc Party…) Il demeure que de ces longues et laborieuses tractations va découler un bouleversement significatif du monde de la production et de la distribution de disque. Ce rachat pouvant se comparer à un Yalta culturel, il entérine la position ultra dominante de Universal qui désormais possède selon les pays entre 30 et 40% du marché.
C’est avec cette crainte que Martin Mills qui préside à la destinée de Beggars Banquet, l’un des plus gros labels indépendants, a accueilli la décision de Bruxelles. S’il se dit satisfait du travail effectué par la Commission, qui a pu percevoir dans ce rachat une menace pour l’équilibre économique d’un secteur en crise et tenté par conséquent d’en ajuster les excès, il voit avant tout dans cet accord « l’arrogance d’Universal. Ils ont réussi à anéantir un concurrent important et même à considérer ces rétrocessions, leur capacité à dominer et à contrôler le marché atteint aujourd’hui un niveau encore plus inacceptable qu’auparavant. »
Faute d’avoir pu contrer l’opération certains des concurrents les plus hostiles à cette concentration inédite dans un secteur aussi influent en sont donc aujourd’hui à déplorer une situation de quasi féodalité avec un suzerain, Universal, jouissant des pleins pouvoirs et se trouvant en mesure d’imposer sa volonté à l’ensemble des producteurs de musique, réduits de fait à un statut de vassaux.
Il va s’en dire que ce rapport de force renforcé après le rachat aura son importance lors des négociations à venir sur un dossier aussi brûlant que la rémunération des contenus numérisés. Conséquence probable de cet état de fait, un schisme déjà perceptible au sein de la famille des indépendants entre les pour et les contre, entre ceux qui pour des intérêts bien spécifiques comme Naïve ou PIAS se rangent déjà du côté d’Universal et les autres, plus Robin des Bois que jamais comme Beggars, qui ne sont pas prêt de vouloir faire allégeance.
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