Selon une enquête de BuzzFeed largement reprise dans la presse internationale, R. Kelly serait le gourou de sa propre secte et garderait des jeunes femmes prisonnières dans ses maisons de Chicago et d’Atlanta.
Jim DeRogatis n’en est pas à son premier coup. Par le passé, le journaliste américain avait déjà dénoncé les déviances sexuelles de R. Kelly. Aujourd’hui, dans une longue enquête publiée sur BuzzFeed News, il va encore plus loin, avançant notamment que plusieurs parents n’auraient plus de nouvelles de leurs filles depuis plusieurs mois, retenues contre leur gré dans l’un des “temples sexuels” de l’auteur d’I Believe I Can Fly.
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“Il contrôle tous les aspects de leur vie, assure le journaliste, après neuf mois de recherches. Ce qu’elles doivent manger, comment s’habiller, quand se laver ou dormir, mais aussi à quels moments elles doivent s’offrir à lui.”
Au total, elles seraient en effet six à avoir abandonné études, métiers, famille et amis pour rejoindre R. Kelly. Parmi elles, il y aurait notamment la fille d’une certaine J. qui, sous couvert d’anonymat, avoue avoir démissionné de son travail pour enquêter et comprendre comment son enfant a pu tomber sous les griffes de la star américaine. “C’est comme si elle avait subi un lavage de cerveau”, dit-elle à BuzzFeed News, regrettant au passage que sa fille ne puisse être considérée comme disparue aux yeux de la loi américaine…
“Kelly est passé maître dans l’art de la manipulation”
Comme les cinq autres femmes, la fille de J. est en effet majeure. Elle dit qu’elle va bien, confesse être dans une relation consentie avec le chanteur et ne blâme à aucun moment le comportement de Robert Sylvester Kelly. Pourtant, trois anciennes proches de la star – Cheryl Mack, Kitti Jones et Asanta McGee – sont venues confirmer les craintes des différentes familles : ces derniers jours, elles ont en effet déclaré que R. Kelly, cinquante ans aujourd’hui, contrôlait tous les aspects de leur vie, qu’il décidait lui-même ce qu’elles devaient manger, comment elles devaient s’habiller et quand elles pouvaient dormir ou non. Le tout, selon des règles très strictes qu’il est préférable de respecter sous peine de se prendre une méchante raclée. Extraits glaçants :
. N’utiliser que le portable fourni par ses soins
. Accepter d’être filmée pendant l’amour
. Ne s’adresser à lui qu’en l’appelant « papa »
. Demander à « papa » la permission de sortir
. S’habiller en jogging, afin de ne pas être trop « attrayante »
. Se tourner face au mur lorsque d’autres hommes sont dans la pièce
D’ailleurs, J. n’en démord pas. Lorsqu’elle a vu sa fille pour la dernière fois, le 1er décembre 2016, “elle ressemblait à une prisonnière, c’était horrible. Je n’arrêtais pas de l’embrasser, mais elle continuait de me dire qu’elle était amoureuse et qu’il prenait soin d’elle. Je ne sais pas quoi faire.”
Il faut dire qu’elle a toutes les raisons de s’inquiéter. Surtout à entendre Cheryl Mack, une des anciennes assistantes de celui qui a vendu plus de soixante millions d’albums dans le monde :
“Toutes ces filles pensent sans doute qu’elles vont vivre une vie somptueuse à ses côtés, mais non. Il faut demander la permission pour de la nourriture. Il faut demander la permission pour aller aux toilettes… R. Kelly est passé maître dans l’art de la manipulation. Il a un harem de marionnettes.”
Kitti Jones et Asanta McGee, elles, vont jusqu’à déclarer qu’elles n’avaient pas le droit d’utiliser les réseaux sociaux, ni de prendre en photo R. Kelly ou leurs chambres lorsqu’elles vivaient sous son toit…
Des accusations permanentes
Tous ces soupçons viennent en tout cas noircir une nouvelle fois le portrait de R. Kelly, dont les mœurs ont perpétuellement été remises en cause depuis les années 1990. La première fois, c’était en 1998. À l’époque, R. Kelly avait dû lâcher 250 000 dollars à une certaine Tiffany Hawkins qui l’avait traîné en justice. Puis, tout s’est enchaîné : en 2000, une employée de chez Epic le poursuit pour harcèlement; en 2002, une vidéo le montre en plein ébats avec une fille d’à peine 14 ans, tandis que, quelques mois plus tard, la police trouve une dizaine de photos de la même jeune fille lors d’une perquisition réalisée dans sa maison à Davenport, en Floride. Mais R. Kelly est finalement acquitté en 2008, ce qui permet à son avocate Linda Mensch de répondre ceci à BuzzFeed ce mardi matin :
“Nous ne pouvons que nous demander pourquoi les gens persistent à diffamer un grand artiste qui aime ses fans, travaille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et s’occupe de toutes les personnes de sa vie (…) Je suppose que c’est le prix de la renommée. Comme nous tous, M. Kelly mérite une vie personnelle. Veuillez respecter cela.”
De son côté, R. Kelly s’est déclaré alarmé et perturbé par de telles accusations. Une des jeunes femmes supposément retenues en captivité, Jocelyn Savage, 21 ans, est elle aussi montée au créneau dans une interview accordée à TMZ, expliquant que tout va bien pour elle, affirmant : “je suis heureuse là où je suis” et “je ne suis pas prise en otage.” Toujours est-il que, selon BuzzFeed, trois familles ont déjà porté plainte et saisi les autorités contre les agissements présumés de l’artiste. Lequel serait “la personne la plus gentille que vous pourrez rencontrer”, affirme Asanta McGee. Avant de conclure sous la forme d’une contradiction : “Mais Robert est le diable.”
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