Remarquée pour son projet Whack World l’an passé, la Philadelphienne bouscule les codes et contribue à enrichir une scène rap féminine toujours plus diversifiée. Elle sera de passage sur la scène de We Love Green cette semaine.
Pour sa huitième édition, qui se tiendra les 1e et 2 juin prochains, le festival We Love Green de Paris a choisi de programmer quelques-unes des chanteuses et rappeuses les plus novatrices du moment. Parmi elles, l’Espagnole Rosalía, dont la musique renouvelle avec brio l’héritage du flamenco ; la Coréenne Peggy Gou, devenue une figure incontournable de la scène house ; la Franco-Américaine Lolo Zouaï, qui contribue à raviver la flamme du R’n’B ; ou encore Tierra Whack, l’une des voix les plus fascinantes de la scène hip-hop américaine actuelle. Du haut de ses 23 ans, cette rappeuse et chanteuse s’est en effet imposée comme l’un des phénomènes les plus audacieux du moment, grâce à un univers à la croisée des genres entre rap, chant, poésie et cinéma.
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Cet univers, aussi riche que complexe, Tierra Whack le nourrit depuis sa plus tendre enfance. Originaire de Philadelphie, où elle grandit élevée par sa mère, celle qui se décrit comme une enfant « calme et timide », se prend très tôt de passion pour la poésie, un art qui lui permet d’exprimer ses émotions et de prendre de l’assurance. « C’était impossible pour moi de dire oralement ce que je ressentais ; mais je pouvais l’écrire« , se souvient-elle pour The Fader.
Son amour pour le rap, lui, commence au début de son adolescence, lorsqu’elle découvre les clips de Missy Elliott, Busta Rhymes, Outkast et Lauryn Hill (son idole). « En les voyant, je me disais : Oh, ce qu’ils proposent est différent, et ils sont encensés pour être différents, tout en restant eux-mêmes », poursuit-elle. À 14 ans, encouragée par sa mère, elle décide de donner vie à ses poèmes et réalise son premier freestyle. C’est ainsi que débute la carrière de Tierra Whack qui, sous l’alias de Dizzle Dizz, enchaîne les freestyles aux côtés du collectif We Run The Streets, allant jusqu’à taper dans l’œil d’ASAP Rocky – qui n’hésitera pas à comparer son flow à celui de Kendrick Lamar.
“Je fais partie d’une génération qui s’ennuie facilement”
Malgré ces débuts prometteurs, la jeune femme ne réussit pas à transformer l’essai, et tombe peu à peu dans la dépression. « Tout ce que je faisais, finalement, c’était rapper devant une caméra sur les beats d’autres artistes ; ce n’était pas ce dont j’avais réellement envie […] Tout le monde était content pour moi, mais moi, je n’étais pas heureuse », confiait-elle, toujours à The Fader. Il faudra attendre 2017 pour la voir véritablement décoller. Au moins d’octobre de cette année, elle renaît de ses cendres sous son vrai nom (Tierra Whack, donc) et, fraîchement signée sur le label Interscope Records, divulgue MUMBO JUMBO : un titre aux paroles inintelligibles, accompagné d’un clip qui finira par être nommé dans la catégorie “Meilleur clip” aux Grammy Awards 2019. La machine est lancée.
Les choses s’accélèrent le 30 mai 2018 quand, sans crier gare, elle partage Whack World : un premier album de 15 minutes, constitué de 15 morceaux, accompagné d’un film de 15 minutes. Délivré 24 heures avant le très attendu Ye de Kanye, ce projet conceptuel réussit malgré tout à marquer les esprits, dont ceux de Solange Knowles, Flying Lotus, André 3000 et Lauyn Hill, qui l’invitera quelques mois plus tard à assurer la première partie de sa date à Philadelphie dans le cadre de sa tournée The Miseducation Of Lauryn Hill World Tour 2018.
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C’est qu’avec Whack World, Tierra Whack explore une infinité de thématiques, de styles, de scénarios. Sous la caméra des réalisateurs Thibaut Duverneix et Mathieu Léger, cette fan de Quentin Tarantino incarne (non sans humour) des rôles allant d’une taxidermiste à une amatrice de fitness, et livre un panel de morceaux à l’ADN tantôt trap (Sore Loser), tantôt pop (Hungry Hippo), tantôt R’n’B (Flea Market), voire inspiré de la country (Fuck Off). « Je fais partie d’une génération qui s’ennuie facilement », souligne-t-elle dans les colonnes du New York Times, avant de préciser :
« Je sais comment je fonctionne : quand un nouveau morceau sort, je vais en écouter 30 secondes, et je vais tout de suite dire ce que j’en pense et passer à autre chose. J’ai une capacité d’attention très courte – mais j’ai tellement de choses, tellement d’idées à offrir. J’avais à cœur de réunir toutes ces idées en un seul et même univers, en un seul monde. Whack World, c’est une façon de vous convier à un voyage à travers mon esprit. »
“Je ne me restreins à aucun genre”
Cette démarche, celle d’explorer et d’exposer tous les recoins de son imaginaire sans se soucier des étiquettes, des codes, des qu’en-dira-t-on, Tierra Whack continue de la poursuivre. En début d’année, elle a enchaîné les sorties, livrant tour à tour le mélancolique Only Child, l’entêtant CLONES, le nostalgique Gloria, le lumineux Wasteland, sans oublier le percutant Unemployed, qu’elle a récemment interprété dans le studio monochrome de COLORS.
« Je peux faire un morceau de rap le lundi et sortir un single pop le mardi, une chanson rock le mercredi et enchaîner avec du R’n’B le jeudi« , affirmait-elle au Guardian, expliquant au passage qu’elle préfère être définie comme une « artiste » plutôt que comme une « rappeuse ». « Je ne me restreins à aucun genre« , concluait-elle. En attendant de voir quelle forme prendra son prochain virage, Tierra Whack donnera vie à son monde fantastique sur la scène de We Love Green le 1er juin prochain.
Tierra Whack Whack World (Whack World)
Tierra Whack sera en concert au festival We Love Green (Paris XII), le dimanche 2 juin.
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