Grandi entre Sarajevo et Sydney, HECTOR GACHAN sort Untitled 91. Un premier album pop et lo-fi où il raconte une vie de déraciné.
“La chanson ‘Balkan Boy’ c’est, en gros, moi quittant Sarajevo pour Sydney à 19 ans et me retrouvant comme un no land man”, lâche Hector Gachan dans un fou rire, avant de renchérir quelques secondes plus tard : “Un no land man, mec ! Tu vois le jeu de mots ? Je me suis senti comme un outsider.” Il peut bien s’esclaffer de l’autre côté du combiné, on devine les cicatrices.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
On n’intitule pas son premier album Untitled 91 par hasard, le nombre faisant référence à son année de naissance. A seulement 26 ans, Hector raconte l’épopée de sa vie au rythme d’un Kerouac tapant sur sa machine à écrire comme un dément. Il apostrophe, fait des digressions, répète sans cesse “at the end of the day”, comme pour toujours mieux revenir à l’essentiel, son amour de la musique pop et catchy : “Quand j’étais adolescent, j’écoutais du punk-rock, ce genre de truc. A chaque fois, c’était l’élément pop dans la musique de ces groupes que je recherchais. Je pourrais te dire que j’ai préféré Bleach de Nirvana, mais en vrai c’est le côté pop de Smells Like Teen Spirit que j’aimais.”
Entre l’Australie et la Bosnie-Herzégovine
Il a 13 ans quand sa famille quitte Sydney pour Sarajevo, d’où elle est originaire. C’est là-bas qu’il touche à sa première guitare : “C’est tard pour apprendre à en jouer, mais dès ma première chanson j’ai su que je voulais que le monde entier puisse l’écouter.” C’est pas vraiment ce qu’on appelle avoir le melon, c’est juste que Gachan a mille trucs à raconter. Les passages à tabac par des hooligans fachos, les estropiés dans la rue, les traces encore prégnantes de la guerre, autant de raisons pour un kid ayant grandi le cul entre deux continents de documenter sa vie sur un disque qu’il porte comme un nouveau-né porterait un bracelet d’identification à la maternité sur lequel on aurait écrit Nowhere Man : “Culturellement, ça a eu un impact considérable de vivre à Sarajevo, j’y ai appris à jouer de la musique doucement mais sûrement. Grandir là-bas a été une expérience incroyable. Et cet album c’est vraiment moi, mec. Je l’ai composé dans ma chambre, à Sydney. Personne n’en avait rien à foutre de moi à l’époque.”
« Qui n’a pas été influencé par Mac DeMarco ? »
Quelque part entre l’Australie et la Bosnie-Herzégovine se situe internet. Hector Gachan se définit d’ailleurs lui-même comme un pur produit de la toile et se demande comment un mec comme Lester Bangs pouvait en savoir autant sur la musique dans les seventies alors que Google n’existait pas encore. C’est en postant ses tracks sur Soundcloud, “comme tout le monde ces derniers temps”, que l’Australo-Bosnien a été découvert par le label français Délicieuse Musique, puis signé.
On raconte qu’un soir de concert à Sydney, il est reparti chez lui avec le micro de Mac DeMarco. Lui nous raconte surtout comment la personnalité du Canadien a changé ses perspectives : “Bien sûr, mec. Qui n’a pas été influencé par Mac DeMarco ? Quand j’ai entendu la musique de ce gars, particulièrement son deuxième album, ça m’a donné confiance pour me lancer de mon côté. Avant je me disais : OK, il me faut un groupe avec un nom qui claque pour y arriver, et puis Mac a débarqué. Il était jeune, cool et talentueux.”
Untitled 91 sonne ainsi comme une synthèse de toute cette lame de fond pop et lo-fi qui a marqué le début des années 2010, façon Connan Mockasin, Mac et les autres. Avec un second degré en forme de doigt d’honneur aux crânes rasés du foot. Hector Gachan est ton nouveau meilleur pote.
Untitled 91 est en écoute ici.
{"type":"Banniere-Basse"}