L’ex-furie post-punk de Malaria! revient : une réussite.
Au début des années 80, la chanteuse à la beauté androgyne et sublime (la légende veut qu’elle ait dit non, un soir, à Catherine Deneuve), terrifiait les scène d’Europe avec Malaria! (1981-1984), l’un des groupes féminins les plus importants et les plus sous-estimés de ces trente dernières années.
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Dans le Berlin d’avant la chute du Mur, chemises sombres et mèches en avant, elles délivraient un post-punk indus rêche, inventif et existentialiste, croisement entre Joy Division, Einstürzende Neubauten et Cabaret Voltaire. Certains titres, tels le martial Your Turn to Run ou leur “tube” Kaltes Klares Wasser, n’ont pas pris une ride.
Vingt-cinq ans plus tard, Bettina revient en solo : le visage s’est buriné et la voix a encore gagné en profondeur, en fêlures, en densité. Comme celles de Faithfull, de Nico ou de Leonard Cohen, la voix de Köster semble renfermer plus d’expériences, de cigarettes, de nuits et d’émotions qu’une seule vie humaine peut en accumuler.
Et si l’on passera vite sur les titres à dominante electro-clash ou d’inspiration after-punk dispensables, on se concentrera sur les reprises (Helter Skelter, tambour battant, drivée par une basse ultraagressive, ou cette Femme fatale, hurlée, dévorante et transgenre) et sur les titres plus downtempo et sobres (piano-voix, beat minimal).
Sur Thar She Blows ou sur l’immense Pity Me, qui donne la chair de poule à chaque écoute, Köster explore une nouvelle direction, proche cette fois de la tradition cabaret de Dietrich ou de Kurt Weil. On se prend à rêver des sommets qu’elle pourrait atteindre si elle se décidait, dans les prochaines années, à approfondir cette voie. Long live the queen.
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