Silverchair ou l’équivalent masculin de « filles perdues, cheveux gras ». Emprunt de rage adolescente, de mal être, et de refrains grunge réarrangés à la sauce FM. Emmenés par le beau gosse mal dans sa peau, Daniel Johns, le trio Australien Silverchair a été l’un des groupes rock phares des années 90. Mais que sont-ils devenus ?
Des adolescents prodiges
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C’est dans la ville de Newcastle en Australie, de nature toute aussi glauque que son équivalent du nord de l’Angleterre, que le trio de Silverchair s’est formé. Daniel Johns, angelot torturé aux faux airs de Joffrey Baratheon de Game of Thrones, est le leader de la formation. Il officie en tant que chanteur et guitariste, aux cotés de ses camarades de classe Ben Gillies à la batterie et Chris Joannou à la basse – avec qui il a monté le groupe dès l’âge de douze ans, en 1992.
A peine trois ans plus tard, le groupe se fait connaître grâce à un concours remporté sur Triple J, la plus grande station de radio d’Australie. Pour ce concours, ils ont confectionné dans leur garage une petite chanson : Tomorrow. La chanson deviendra l’un des singles issus de leur premier album, Frogstomp, qui sort en 1995 et qui s’écoule alors à plus de deux millions d’exemplaires dans le monde. Le disque, une sorte de resucée grunge, parvient même à se placer dans le top 10 des charts Billboard 200, un exploit pour un groupe australien (au delà d’INXS et du beau Michael Hutchence, bien évidemment).
La même année et celle d’après, le trio prodige s’embarque dans une tournée mondiale en assurant la première partie des Red Hot Chili Peppers et des Ramones, tout en suivant une scolarité « à base de cours à domicile ».
Un essai transformé accompagné d’une gloire internationale
Leur deuxième album, Freak Show, sort deux ans plus tard, en 1997 et confirme le succès que le trio a rencontré à ses débuts. L’album cartonne, aidé par des singles forts tels que Freak, Cemetery et Abuse Me, où l’ange blond Daniel Johns crache toutes ses paroles les plus noires (souvenons nous du scandale provoqué à l’époque de Frogstomp, quand deux jeunes assassins avaient déclaré que c’est la chanson du groupe, Israel’s son, qui les avait poussé au crime). Freak Show devient même disque d’or aux Etats-Unis, quatre fois disque de platine en Australie – et s’écoule à 1,5 millions d’exemplaires, ce qui, en toute logique, fait du jeune trio australien des stars à la dimension internationale.
Désormais, grâce ou à cause de Daniel Johns, il n’existe plus un seul ado du monde occidental qui n’ait pas l’envie de se décolorer les cheveux, de se faire percer l’arcade sourcilière et d’écrire de la poésie à tendance suicidaire. Ajoutez ceci au succès d’Hartley cœurs à vif et vous obtenez la meilleure publicité possible pour l’office du tourisme australien. Et contre toute attente, cela s’est avéré bien plus efficace que toutes les culottes et autres porte-jarretelles arborés par Kylie Minogue durant de longues années.
Majorité, soucis de santé et mariage
Et comme pour ne pas laisser filer la chance qui semble lui sourire depuis sa création, le groupe, dont les membres sont à peine majeurs, sort dans la foulée Neon Ballroom en 1999, un album au son bien plus « rough » mais également plus « mature ». Une fois de plus, la recette s’annonce payante : près de deux millions d’albums sont écoulés.
Pour autant, le succès n’épargne pas la santé de Daniel Johns, le jeune et fragile chanteur, qui révèle souffrir d’anorexie, en grande partie à cause du stress. Il déclarera même plus tard que la chanson Ana’s Song (Open Fire) traite de ses problèmes personnels et alimentaires. Mais ses déboires intimes ne l’empêchent cependant pas de ravir le coeur de l’une des plus grandes stars du moment, elle aussi originaire d’Australie, Natalie Imbruglia, alors au firmament de sa carrière grâce à son imparable single Torn.
Daniel Johns finit d’ailleurs par épouser sa chère et tendre en 2003 pour mieux divorcer cinq années plus tard. Une séparation qui, selon les deux protagonistes, serait survenue suite à leurs nombreuses absences et les multiples tournées qui les ont menés loin l’un de l’autre.
Le début de la fin
Exténués par une carrière débutée sept ans plus tôt – sur les chapeaux de roues –, les trois compères peinent à sortir leur quatrième album, Diorama, qui verra finalement le jour en 2002. Produit par David Bottrill qui a auparavant travaillé pour Tool, Peter Gabriel et King Crimson, l’album ne pourra toutefois pas bénéficier d’une tournée en bonne et due forme – Daniel Johns développe cette fois-ci de l’arthrose, ce qui l’empêche de jouer de la guitare. Malgré tout, l’album se classe numéro un des charts ; mais il aura raison de la motivation des trois amis d’enfance qui décident de partir en retraite anticipée, ce qui est plutôt cocasse, si ce n’est extraordinaire, lorsque l’on est âgé de 23 ans.
Le groupe remettra le couvert une ultime fois, en 2007, avec l’album Young Modern, enregistré à leurs frais à Los Angeles « pour éviter la pression d’une maison de disques » sur lequel on retrouve des invités de prestige tels que Luke Steele de The Sleepy Jackson (avant qu’Empire of the Sun ne voit le jour) ou encore Julian Hamilton de The Presets – soit le gratin de la musique contemporaine venue d’Australie.
Une suite très attendue pour Daniel Johns
Après la fin de Silverchair, qui n’est officiellement que temporaire, Daniel Johns a enchainé des projets aussi divers que variés comme la bande originale de Qantas Airlines, la compagnie aérienne nationale australienne, mais a aussi collaboré au troisième album de The Veronicas. Toutefois, l’attente se porte autour de sa collaboration avec Luke Steele (de The Sleepy Jackson mais aussi d’Empire of the Sun), avec qui il travaille à un projet secret depuis des années. Les fans devront pourtant s’armer de sang froid car selon les dires du vrai/faux empereur fou, cette collaboration ne pourra être audible que dans une dizaine d’années, au plus tôt. Courage.
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