Avec seulement deux albums à son actif, Elastica, en bonne météorite électrique, aura marqué à tout jamais la BritPop et les années 90. A la fois seule représente féminine du mouvement et briseuse de coeurs professionnelle, Justine Frischmann a embarqué à vitesse grand V Elastica vers les cieux du rock, avant de disparaître. Mais que sont-ils devenus ?
Avant de fonder le groupe Elastica, Justine Frischmann a d’abord été le centre d’attention (et l’objet de l’affection) de bon nombre de rockers de Londres et de sa proche périphérie. En 1988, alors qu’elle étudie l’architecture à UCL (University College London), elle rencontre sur les bancs de la fac un jeune homme, qui ressemblait plus exactement à une jeune femme, qui répondait au nom de Brett Anderson. Très vite le courant passe entre les deux étudiants en archi qui débutent dans la foulée une histoire d’amour et un groupe de rock qu’ils choisiront de nommer Suede.
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Ils seront bientôt rejoints par Bernard Butler et la légende, encore intacte, dit même que le guitariste de génie a été recruté par le biais d’une petite annonce passée dans le NME (New Musical Express). La joyeuse bande répète consciencieusement, après les cours, dans la sublime demeure sise à Kensington, de Justine Frischmann. Celle-ci est plutôt bien née, elle est la fille de Wilem Frischmann, l’un des plus grands ingénieurs du Royaume-Uni, qui a, entre autres, travaillé à la réalisation de la tour de Centre Point à Londres – sa fortune lui sera d’ailleurs souvent reprochée par ses collègues du monde du rock.
Après des débuts avec Suede dans des clubs miteux, Justine Frischmann tombe sous le charme d’un autre chanteur désinvolte et grande gueule pour qui les choses s’emballent, un certain Damon Albarn, qui voit alors sa carrière décoller avec Blur. Malgré cette nouvelle histoire d’amour, elle continue tant bien que mal de tenir le rôle de guitariste au sein de Suede, pendant quelques mois, aux côtés de son ex-Brett Anderson, totalement anéanti. Finalement, elle se décide à quitter la formation, pour le bien de tout le monde et surtout de Suede qui trouvera ses marques bien plus facilement sans celle que tout le monde aime à désigner comme « l’élément perturbateur ».
Très vite l’idée de créer un groupe en réaction à cet échec affectif et « professionnel » germe chez Frischmann qui a toujours plus ou moins revendiqué l’envie d’être sous les feux des projecteurs. Elle forme donc Elastica en 1992 aux côtés de Donna Matthews, Justin Welch et Annie Holland, alors même que Damon Albarn et Brett Anderson se livrent une guerre sans merci dans les charts à coup de singles mythiques. En effet la même année sortent les singles The Drowners et Metal Mickey pour Suede et Popscene pour Blur. Les deux amants rivaux aiment également se lancer des piques par médias interposés, ce qui constituera en quelque sorte un entrainement pour Damon Albarn qui s’essaiera quelques temps plus tard à de magnifiques joutes verbales avec les frères Gallagher.
Le succès et la seule icône féminine d’un mouvement culte
Justine Frischmann s’épanouit rapidement en tant que boss d’Elastica et ses chansons, aux influences rock et post punk, séduisent le cœur de ses compatriotes – même si le groupe se fait trainer devant les tribunaux pour plagiat par Wire – les singles Line Up, Connection et Stutter entrent dans le top 20 des charts. La rumeur enfle tellement que le groupe est signé sur Geffen pour une représentation internationale, et s’embarque dans la foulée pour une tournée aux Etats-Unis. Leur premier album finit par sortir en 1995, il devient numéro un des charts en Angleterre, et devient même disque d’or, ainsi qu’aux Etats-Unis et au Canada.
Entre sa notoriété grandissante et le couple qu’elle forme avec le chanteur le plus en vue du moment en Angleterre, Justine Frischmann, par ailleurs riche héritière, devient le sujet de prédilection de la presse à scandales qui aime à étaler sa vie chaque jours dans ses feuilles de choux, comme un mauvais roman photo de la BritPop. Perdue entre Blur, Oasis, Suede et Supergrass, Justine Frischmann, en bonne leader d’Elastica, incarne la seule figure féminine de ce mouvement qui changera à tout jamais la face de la musique : la BritPop.
Le deuxième album du groupe, The Menace s’est fait dans la douleur et n’est sorti que cinq ans plus tard, en 2000 – les trois quarts du groupe étant sous l’influence massive de l’héroïne. Frischmann, qui tenait pourtant son groupe d’une main de maître, finira elle aussi par sombrer dans la drogue, et son addiction ainsi que les absences à répétitions (dues aux tournées interminables), mèneront à la fin de son couple avec Damon Albarn. Certains disent même que la chanson Beetlebum parle de la chanteuse…Au bout du rouleau, les membres d’Elastica, et Justine Frischmann en tête, finissent par annoncer la fin du groupe en 2001.
Des reconversions aussi bigarrées qu’improbables
Justine Frischmann a un temps vécu avec la chanteuse MIA – qui avait d’ailleurs signé la pochette de The Menace pour Elastica – et a cosigné avec cette dernière la chanson Galang, présente sur son premier album nommé Arular. Peu de temps après elle s’est établie en tant qu’artiste et s’est installée dans la région de San Francisco avec son mari, le docteur Ian Faloona, professeur de sciences atmosphériques (!) Avant cela, en 2003, l’ex chanteuse était un temps revenue à son premier amour, l’architecture, en présentant un programme dédié à la discipline sur la BBC.
Aujourd’hui elle se dit parfaitement heureuse d’être revenue à l’anonymat et n’est pas du tout prête à se laisser de nouveau entraîner, de près ou de loin, dans un tourbillon médiatique digne des Feux de l’amour façon indie rock. Donna Matthews a quant à elle fondé un autre groupe au milieu des années 2000 nommé Klang, et s’est par la suite convertie au christianisme pour finir par devenir pasteur dans une église du Devon. Une belle résurrection pour l’ancienne crack addict. Une belle leçon de vie et comme le disait si bien Whitney Houston : crack is whack.
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