Issu de leur album surprise commun « Everything Is Love », « Apeshit » est accompagné d’un clip au Louvre mettant en scène le plus puissant couple de l’industrie musicale.
Si la surprise est de taille, la sortie d’un album entre Beyoncé et Jay-Z était précédé d’une attente de longue haleine. Lors d’un concert de leur tournée commune On The Run II samedi 16 juin à Londres, le couple a annoncé sur les écrans un nouvel album : Everything Is Love composé de 9 titres dont Apeshit accompagné par un superbe clip tourné au Musée du Louvre. Une vidéo qui met en scène Queen B et Hov posant et dansant devant les œuvres du musée pensée comme une vive critique de la condition des artistes noirs et des représentations des noirs dans l’art à travers les âges. De la Joconde au Radeau de la Méduse, tour d’horizon des tableaux et sculptures qui peuplent le clip de Apeshit.
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La Joconde de Léonard De Vinci (1503)
Le premier plan où le couple apparait fait immédiatement écho à leur photo prise en 2014 lors de leur visite privée du Louvre. Un portrait qu’ils décident de reproduire dans le clip de Apeshit afin d’assoir leur statut d’icône. Peint en 1503, le tableau est indéniablement le pinacle de la collection du Louvre. Une œuvre qui attire autant que le couple Carter, c’est du moins ce que Jay-Z et Beyoncé laissent suggérer en réaffirmant leur importance culturelle sur le XXIe siècle.
Portrait d’une femme noire (négresse) de Marie-Guillemine Benoist (1800)
Le second tableau qui occupe une importance capitale dans la vidéo du couple est l’œuvre de Marie-Guillemine Benoist, une des seules femmes exposées au Louvre. Dans un musée qui présente à une écrasante majorité des artistes de sexe masculin et blancs, l’appropriation de ce tableau résonne avec l’époque. Par ailleurs, c’est l’un des seuls tableaux de son époque mettant en scène une « femme noire », anciennement nommée « négresse », qui n’est pas réduite à sa condition d’esclave ou de soumission. S’il envoie un signal fort, l’utilisation de ce tableau pointe aussi du doigt le problème de représentation des communautés noires dans les grandes institutions comme le Louvre.
Le Sacre de Napoléon de Jacques-Louis David (1806-1807)
Si la figure du couronnement sert de premier de niveau de lecture, l’histoire de Joséphine de Beauharnais, impératrice des français, née d’une famille créole fortunée, en pleine période de colonisation. Une histoire qui fait écho à celle de certains ancêtres créoles de Louisiane de Beyoncé.
Le Grand Sphinx de Tanis (circa 2600 av.JC)
De manière similaire, le couple star convoque le passé colonialiste de la France en Égypte et la domination occidentale dans la façon de penser les grandes institutions de l’art. Un rappel que des pans entiers de culture africaine ont été isolés dans les musées occidentaux depuis l’ère coloniale. « I will never let you shoot the nose of my Pharaoh » (« Je ne te laisserai jamais tirer dans le nez de mon Pharaon ») indique Beyoncé dans le morceau Black Effect. Une punchline qui fait référence au mythe de Napoléon demandant à ses troupes de bombarder le Sphinx afin d’assoir la présence française en Égypte.
Victoire de Samothrace (200 av. JC)
Si la statue de la Victoire de Samothrace est aussi présente dans le clip de Apeshit ce n’est pas par hasard. Signe de triomphe et de pouvoir représenté par un corps de femme, la statue traduit un véritable empowerment féminin qui entre en résonance avec la carrière de Beyoncé.
La Vénus de Milo (130-100 av. JC)
Dans la suite logique de la Victoire de Samothrace, certains internautes ont mis en lumière une dichotomie entre les statues grecques et Beyoncé : à savoir que ces statues définissent un idéal, une perfection du corps féminin qui se veut exclusivement blanc. Une idée ethnocentrée de la beauté à laquelle Queen B répond par la mise en scène de son propre corps de femme noire.
Le Serment des Horaces de Jacques-Louis David (1784) et Hermès rattachant sa sandale (100)
Dans le clip de Apeshit, les deux œuvres sont rattachés à des images réminiscences des joueurs de NFL ayant ployé le genou durant l’hymne national américain.
Par ailleurs le clip mentionne au détour de quelques plans de caméra Le Radeau de la Méduse, les Sabines ou le portrait de Madame Récanier.
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