Rien de très bon.
Les rageux diront que c’est un peu facile de taper sur Miley Cyrus. Ce serait oublier qu’on en a souvent dit beaucoup de bien, notamment au moment de la sortie en 2015 de Miley Cyrus and The Dead Petz, un album de strass et de paillettes, tendre et azimuté, réalisé en collaboration avec les Flaming Lips et Ariel Pink.
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Nous étions donc en droit d’attendre, en cliquant sur le lien Youtube menant vers son nouveau clip vendredi 12 mai, un feu d’artifice de transgression et d’érotisme, de licornes et d’arc-en-ciel, de coupes de cheveux improbables et de références à la culture porn, du grand n’importe quoi un peu malaisant comme seule la pop-star sait le faire.
Son titre, Malibu, renfermait la promesse d’échapper au week-end d’investiture pluvieux qui s’annonçait, avec son avalanche de blagues sur la France des start-up, la bonhomie un peu gauche de François Hollande, et le prix du costume d’Emmanuel Macron. Nous imaginions déjà Miley Cyrus fumant un gros joint dans une soirée de débauche à Malibu, entourée de pros du voguing (puisque ça revient à la mode tous les ans, hein) et de freaks échappés d’un film de David Lynch.
Au cœur du morceau : Liam Hemsworth
Perdu. Miley Cyrus est redevenue Hannah Montana, ce personnage Disney qui la fit connaiître au grand public à partir de 2006, et on cherche encore désespérément le second degré dans son clip pensé sur le mode du « reborn ». La popstar a d’ailleurs raconté à Billboard l’avoir écrit à l’arrière d’un Uber, après avoir arrêté la weed (dont elle était pourtant l’une des ferventes défenseuses), l’alcool, et avoir retrouvé son premier amour, l’acteur Liam Hemsworth auquel est dédié cette très mauvaise chanson.
La période sauvage allant du clip de We Can’t Stop, dans lequel elle twerkait sur un lit en mâchonnant un chewing-gum d’un air franchement salace, à son featuring avec Wayne Coyne sur l’un des derniers singles des Flaming Lips, We Are Family, en passant par la boule de démolition, les photos nues pour Terry Richardson, le gode-ceinture en concert, les langues pendantes et autres body échancrés n’était donc qu’une vaste connerie que Miley Cyrus regretterait ? C’est bien ce que la chanteuse tente de nous faire croire en enchaînant les pensées pseudo-philosophiques que l’on croirait tirées d’un bouquin de coaching new-age. Florilège :
« Cause now, I’m free as birds catching the wind » (« Car maintenant je suis libre comme des oiseaux portés par le vent)
« I always thought I would sink so I never swam » (« J’ai toujours pensé que je coulerais donc je n’ai jamais nagé »)
« We are just like the waves that flow back and forth » (« Nous sommes comme le ressac »)
« I never went boating, don’t know how they are floating » (« Je n’ai jamais fait de voile, je ne sais pas comment ils flottent »)
« The sky is blue, in Malibu » (« Le ciel est bleu à Malibu »)
« That’s when I make a wish to swim away with the fish » (« C’est lorsque je fais le souhait de m’en aller en nageant avec les poissons »)
« It’s a brand new start, a dream come true » (« C’est un nouveau départ, un rêve devenu réalité »)
Cette balade pop aux accents country est clairement destinée aux adolescentes en pleine remise en question, qui rêveraient elles aussi de vivre une belle histoire d’amour avec Liam Hemsworth. Sa seule force serait peut-être d’être taillée sur le modèle de la montée-descente, le morceau s’emballant tellement sur le refrain qu’il pourrait bien se glisser dans ces fêtes de lycée américaines avec des gobelets rouges et des gobelets bleus.
Des nattes et des pâquerettes
Côté clip, celle qui fut érigée en parangon d’un féminisme pop anti-slut shaming et pro-empowerment enchaîne les clichés niais. Habillée de blanc (la pureté tout ça), Miley Cyrus virevolte dans un décor de collines verdoyantes rappelant les fonds d’écran Windows 98, prend des bains de soleil, câline son chien, se promène avec des ballons colorés sur la plage (de Malibu hein, certainement), fait des vocalises devant une cascade, se marre toute seule.
Tandis que la grande Rihanna revendique justement le fait d’être « unapologetic » (« impénitente »), Miley Cyrus tombe dans l’extrême inverse, cherchant à racheter on ne sait quelle faute auprès du public, gommant ses excès à coups de nattes dans les cheveux et de champ de pâquerettes. Bel exemple de mea culpa comme seuls les Etats-Unis savent en produire, un discours puritain voulant que la pop star ayant « fauté » finisse par s’en rendre compte et change de ligne de conduite. Rappelons-nous donc avec nostalgie que la même Miley Cyrus lâchait ce clip il y a tout juste deux ans :
Et gardons en mémoire une seule et unique Malibu :
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