Sans doute pas un album majeur ni parfait, “Tout peut arriver” n’en reste pas moins le disque d’un artiste guidé par le seul désir de se faire plaisir.
Il y a autour de Roméo Elvis tellement de louanges qu’on se dit que l’on n’a pas vraiment le choix de le trouver autrement que génial. Son rap attire les foules et certains de ses singles sont devenus les classiques d’une époque récente (Bruxelles arrive). Il existe pourtant un malentendu au sujet du rappeur bruxellois, entretenu par lui-même : sa musique paraît toujours plus fascinante, profonde et sincère lorsqu’elle privilégie la retenue à des productions denses, parfois même légèrement grossières.
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À se fier à ses dernières apparitions (son EP Maison, Deux Deux en duo avec Primero), on avait bon espoir : Roméo Elvis semblait vouloir renouer avec ses premiers amours, débiter des rimes sans chercher à faire des courbettes au grand public – là où Chocolat accueillait des collaborations avec Damon Albarn et… -M-. Hélas, Tout peut arriver répond à d’autres ambitions, que l’on imagine plus à mêmes de susciter l’adhésion populaire. De là à voir dans ce deuxième album solo une œuvre intéressée ? Pas vraiment : derrière les tics de production aptes à emballer des morceaux finalement assez creux, et des interludes un peu lourdes, Roméo Elvis a le mérite d’avancer ici entre potes (Vynk, PH Trigano, JeanJass), de s’ouvrir à d’autres artisans du son (Myd, Seezy) et même de s’essayer pour la première fois à la production.
Coulisses de son quotidien
C’est une certitude : Tout peut arriver est le fruit d’une longue et complexe gestation (sensation confirmée par le documentaire BXXL, où Lomepal vient lui apporter des conseils). Il y est question d’assumer la pluralité de ses goûts (de la chanson à la pop, en passant par les Neptunes, référence évidente de Rappeur préféré), mais aussi de détailler les coulisses de son quotidien : ses remises en question, intimes et créatives, ses investissements dans l’immobilier, ses échanges avec sa grand-mère, etc. Et si certains morceaux flirtent avec le pire (Chatchienchaud) ou semblent trop premier degré, d’autres séduisent grâce à cette puissance dans la voix, rappelant que Roméo Elvis est meilleur performer que lyriciste, jamais aussi séduisant que lorsqu’il va à l’essentiel. À l’image de Bien ou AVDT, dotés d’une profondeur émotionnelle jusqu’ici inaperçue.
Tout peut arriver (STRAUSS Entertainment/Island Def Jam/Universal). Sortie le 27 mai.
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