J’ai vu Dylan pour la première fois en 1978. A l’époque, un journal spécialisé avait violemment critiqué sa tournée mondiale : trop showbiz, trop Las Vegas. Moi, j’avais trouvé ça formidable. Impossible de parler de rock sans évoquer les chansons de Bob Dylan. Sa trace est inscrite dans la mémoire collective, son influence indélébile. Dylan […]
J’ai vu Dylan pour la première fois en 1978. A l’époque, un journal spécialisé avait violemment critiqué sa tournée mondiale : trop showbiz, trop Las Vegas. Moi, j’avais trouvé ça formidable.
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Impossible de parler de rock sans évoquer les chansons de Bob Dylan. Sa trace est inscrite dans la mémoire collective, son influence indélébile. Dylan a libéré la musique pop, lui donnant intelligence et conscience. Sans lui, la pop ne serait encore qu’une collection de chansons niaises, une suite de « yeah yeah » affligeants.
C’est à croire que les coffrets compilatoires ont été inventés pour lui. Qui d’autre que le vieux Bob pourrait aligner quatre heures de morceaux inédits ? Qui d’autre que lui aurait pu laisser un morceau comme Blind Willie McTell au fond d’un tiroir ? Rappelons que nous parlons là d’un type ayant réussi l’exploit de se faire offrir un tableau par Warhol lui-même, pour l’échanger quelques semaines plus tard contre un canapé. En clair, Bob et nous n’avons pas les mêmes valeurs. Régulièrement, la presse le déboulonne en 70 avec Self portrait, en 79 avec Slow train, puis avec quasiment tous ses disques des années 80. Pourtant, Bob a toujours le dernier mot, comme en témoigne le fantastique Oh mercy, un album qui refermait sa décennie médiocre avec brio. Que Dylan soit encore parmi nous en 1995 est une contradiction, presque une aberration : beaucoup auraient préféré le voir mourir en 66, tel James Dean ou Kurt Cobain. Mais cette année-là, Dylan décida de prendre le maquis, se retirant dans son sous-sol, son fameux « basement ». Pendant que les Beatles libéraient leur Sgt Pepper et les Stones leur Satanic majesties, Dylan, lui, restait dans son basement. Trente ans plus tard, il collectionne toujours les fans zélés, des gens qui viendraient le voir en concert même s’il se contentait de s’y moucher pendant une heure. Il attire aussi les curieux, venus voir « la légende ». Ceux-là repartent souvent déçus, Dylan prenant un malin plaisir à torturer les chansons préférées de son public. Et pourtant, il reste quelque chose de fascinant, d’unique chez ce type. Même s’il préfère les concerts au studio deux cents dates par an pour un seul album au cours des cinq dernières années. Même s’il ne parle plus. Même si l’on ne doit plus attendre de lui qu’il écrive un autre Highway 61 revisited. Au mieux, Bob se contente aujourd’hui de jouer à Dylan. Et en cela, il excelle.
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