Vincent Lacoste est fan de Bob Dylan. “Le folkeux contestataire, la rock-star mutique, le cow-boy un peu bouseux.”
“Quand j’étais ado, je n’écoutais que du punk : les Ramones, les Pistols… Et puis un jour, sur MySpace, je suis tombé sur Mr. Tambourine Man. Ça m’a saisi. Je me suis mis à écouter à fond Dylan, mais seulement la période rock, qui s’achève avec son accident de moto en 1966. C’est sa période la plus connue, celle des lunettes noires, de la grosse touffe frisée. Je le trouvais tellement classe, tellement moderne. J’aimais autant le son que le personnage.
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A l’époque, on était en pleine vague “bébé rockers” et je m’apercevais que les mecs de mon âge, en fait, copiaient éhontément le Dylan de 1965. Peu à peu, j’ai découvert toute l’étendue de sa discographie. Il a vraiment tout essayé, abordé, la country, le reggae… Il s’est diversifié, réinventé, tout en restant extrêmement intègre.
https://youtu.be/uCcc-XRAf5s
Son œuvre est si vaste qu’il y a tout dedans. A commencer bien sûr par sa vie. L’album Desire (1976), par exemple, raconte sa rupture avec sa femme de façon bouleversante. Melvil Poupaud, qui est un mégafan de Dylan et me surpasse complètement, m’a fait découvrir récemment le morceau Abandoned Love, censé initialement figurer sur Desire, et qui est dément.
Bien sûr, je suis fou de sa voix. Certains pensent qu’il ne sait pas chanter. C’est vraiment mal le connaître. Ce timbre particulier, ce nasillement merveilleux, sont complètement construits. Par exemple, il y a tout un disque où il chante de façon totalement différente, presque crooner : c’est Nashville Skyline, en 1969. La chanson la plus connue est interprétée avec Johnny Cash, Girl from the North Country et elle est absolument somptueuse. D’ailleurs, tout l’album est un chef-d’œuvre absolu.
https://youtu.be/g77wH68dFC8
Le documentaire de Scorsese (No Direction Home, 2005) est excellent mais il ne couvre que la période rock, puis folk. C’est incompréhensible. Pour moi, la période la plus prolifique vient encore après. John Wesley Harding (1967) est vraiment un album sublime. L’idée de Todd Haynes, pour son biopic I’m Not There (2007), de scinder la figure de Dylan en une demi-douzaine d’acteurs et actrices, chacun incarnant une période différente, est vraiment très juste.
Dylan, c’est à la fois un folkeux contestataire, une rock-star mutique qui ne dit rien en interview et n’enlève pas ses lunettes noires, puis une sorte de cow-boy un peu bouseux. A chaque fois, le personnage est génial, mais quand Dylan passe à autre chose, c’est comme s’il n’existait plus. Le gars est vraiment multiple. Dès que je me replonge dans sa musique, dans ses images, je trouve de nouvelles raisons de m’étonner. C’est vraiment mon idole.”
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