En 1990, Thierry Ardisson recevait Iggy Pop pour une interview vérité dans “Lunettes noires pour nuits blanches”. L’occasion pour « l’Iguane » de parler de l’influence qu’a eue David Bowie sur son travail et sa carrière.
« Tu as rencontré Tony de Fries car Bowie s’intéressait déjà à toi, et il t’a fait rencontrer le patron de CBS. » Le 16 juin 1990, Thierry Ardisson recevait Iggy Pop dans son émission Lunettes noires pour nuit blanches. A l’occasion de son interview vérité, Iggy Pop évoquait longuement David Bowie, et ce que ce dernier a pu lui apporter.
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Verbatim (à partir de 11′)
Thierry Ardisson : « En 1976, tu es allé à Berlin avec David Bowie pour terminer The Idiot que tu avais commencé à Hérouville. Et là, tu t’es bien amusé : les saucisses, le rock… »
Iggy Pop : « C’est une énorme ville, qui a été construite pour bien plus de gens qu’il n’y en avait à l’époque. Ca avait vraiment l’air vide et les gens qui y vivaient étaient très marginaux, très avant-garde. Il y avait beaucoup de gens qui avaient refusé de faire l’armée, beaucoup d’étudiants, un reste d’artistes étranges.
T.A : « Nightclubbing a été fait à Berlin ? »
I.P : « Non j’ai écrit ça avant d’y aller. Je faisais une tournée avec David et on sortait tous les soirs ensemble. Tous les soirs, les boîtes à n’en plus finir… C’était le sens de la chanson. Elle ne devait pas figurer sur cet album, qui était déjà presque terminé. Mais un jour, lui, moi et un de ses amis, on était en train de faire les imbéciles dans un studio, et il a mis un masque de caoutchouc imitant une tête de vieillard, de personne très âgée… Il a couru comme ça autour du studio. Ensuite il s’est mis au piano et a joué de la musique de vieux, genre Hoagy Camichaël.
Il a joué cette musique et ça m’a rendu dingue ! J’ai dit : « Super! » J’ai toujours eu la faculté de reconnaître une bonne musique chez les autres. Je suis bon pour ça. Je lui ai donc dit : « C’est super, je t’en prie, laisse-moi écrire des paroles, ça va être génial! » Il m’a dit : « Non, c’est pas génial » Mais j’ai réussi à le convaincre et on l’a fait. Il m’a ensuite dit : « La boîte à rythme fait vraiment cheap. » C’était une boîte à rythme à 98 dollars… Mais j’ai vraiment aimé le résultat. (…) Lui et moi avions vécu à Los Angeles, lui dans les hauteurs, moi au ras du sol ! Mais à Berlin, c’était la seule ville que je connaissais où les gens n’embrassaient pas le cul des rock stars pour les mauvaises raisons. »
T.A : « Que t’a apporté David Bowie ? »
I.P : « Il m’a fait découvrir… Je ne savais rien de la danse classique. Il m’a fait découvrir Nijinsky et Diaghilev, et toute l’histoire des ballets russes Toute cette idée d’artistes ayant des disciplines différentes, qui travaillent ensemble. Toute cette idée… On ne m’avait jamais dit : « Tu pourrais être peintre » – je fais des petits dessins. Il m’a montré comment préparer une toile, car il a fait une école de beaux-arts, il m’a montré… »
T.A : « Il était là à chaque fois non ? Chaque fois que tu avais des ennuis… »
I.P : « Oui, et il était… C’est quelqu’un de très travailleur, et ça a déteint sur moi, car j’étais plutôt fainéant, je me regardais trop le nombril et je me suis dit : « Bon sang ce qu’il peut bosser ! Ca devrait me donner une leçon. »
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