On encouragera à écouter Puzzle pour quelques raisons bien simples. D’abord, Tahiti 80 est un groupe français (rouennais pour être précis) qui fait de la pop comme on en entend dorénavant très peu, même en dehors des frontières de l’Hexagone. Ensuite, Tahiti 80 n’essaie pas de concurrencer les Anglo-Saxons sur un terrain qui leur est […]
On encouragera à écouter Puzzle pour quelques raisons bien simples. D’abord, Tahiti 80 est un groupe français (rouennais pour être précis) qui fait de la pop comme on en entend dorénavant très peu, même en dehors des frontières de l’Hexagone. Ensuite, Tahiti 80 n’essaie pas de concurrencer les Anglo-Saxons sur un terrain qui leur est particulièrement propice. Chantant en anglais, le groupe s’exposerait pour le meilleur à des comparaisons fatales et pour le pire à une lapidation critique. Trop malins pour tomber dans de tels travers, Xavier Boyer et ses trois acolytes, quatre garçons dans le vent 90’s, ont su concilier un cahier des charges estampillé sixties (voix d’ange, couplet, pont, refrain) avec les exigences fin de siècle (électronique sobre) sans que l’ensemble paraisse faux derche, calculé et convenu. Sans même entrer dans le détail, on pourrait (trop) facilement éreinter un groupe coupable à quelques encablures de l’an 2000 d’intituler des morceaux Yellow butterfly, Mr Davies, Hey Joe ou Revolution 80. Mais ce serait faire fi des chansons elles-mêmes, du processus long et douloureux (tout le monde ne s’appelle pas Lennon ou Macca) qui, partant d’un gratouillis de guitare, de quelques notes de piano ou d’un sifflotement incertain, aboutit à une mélodie quasi parfaite. On passera sur quelques détails tape-à-l’oeil de l’accouchement de Puzzle enregistrement à New York sous la houlette d’Andy Chase (Ivy), mixage à Malmö par Tore Johansson (Cardigans), invités de luxe sur quelques titres (Adam Schlesinger des Fountains Of Wayne ou Eric Matthews, ex-moitié de Cardinal) , pour s’attarder sur l’essentiel : Puzzle est un sérieux camouflet pour les ayatollahs de tout poil engoncés dans leurs costumes Carnaby et leurs habitudes rétrogrades. Désormais, preuve est faite qu’on peut dignement faire rimer Zombies avec nineties (I.S.A.A.C, Things are made to last forever), convertir les Kinks aux joies du piercing (le jovial Easy way out) ou ranimer le cadavre des Byrds à la gégène électronique (fascinant morceau-titre, réminiscent du meilleur Boo Radleys).
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