En plus de la version “expanded” de sa bande originale, le film bénéficie d’une nouvelle sortie en DVD. Une “time machine” à la fois fascinante et terriblement datée.
Avant d’être un album blockbuster et une chanson smash hit, Purple Rain a été un film à succès (du moins aux Etats-Unis) réalisé par un certain Albert Magnoli. L’histoire est celle d’un artiste musicien flamboyant, le Kid, qui tente de faire son trou dans sa ville de Minneapolis, tout en gérant ses problèmes œdipiens (maman en souffrance et papa méchant), une aventure amoureuse naissante et une rivalité virulente avec The Time, autre formation montante de la ville.
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Le sous-texte autobiographique de ce récit canonique saute aux yeux, de même que le talent limité de Magnoli dans les scènes intimistes. Il faut dire que Prince et Apollonia Kotero ne sont pas de très fines lames en termes de comédie, l’acteur qui s’en sort ici le mieux étant Morris Day, le leader de The Time, qui possède une indéniable vis comica et une faculté à imprimer les plans que ses camarades n’ont pas.
Des passages live mémorables
Le meilleur du film, ce sont les passages musicaux et les fabuleuses séquences de concert où le Kid/Prince, dans son élément naturel, redevient l’albatros planant majestueusement dans le firmament du rock live : tenues extravagantes, look androgyne emprunté à Little Richard, jeux corporels venant de Hendrix et James Brown, théâtralité sexuelle omniprésente (halètements, soupirs, léchouilles, frottements, caresses, râles à gogo…).
Le tout est, bien entendu, mis au service d’une musique extraordinairement syncrétique qui encapsule ce moment historique où fusionnèrent rock et funk, électricité et électronique, pop mainstream et expérimentation, et bien sûr son et images, sous le soleil synthétique de MTV, récente chaîne dédiée aux vidéoclips.
Un objet pop historique
C’est la raison pour laquelle Purple Rain est un grand film musical même s’il n’est pas un grand film, un historique objet pop qui magnifie une star à son sommet et incarne un moment décisif de la culture rock. Purple Rain doit quelque chose aux films musicaux qui l’ont précédé, principalement à ceux des Beatles, qui déjà prolongeaient en images et vers les salles (et peut-être vers un autre public) un univers musical.
Mais le docufiction de Magnoli et Prince inaugurait aussi une nouvelle ère de films musicaux et autres biopics rock et pop qui se mirent à pulluler, comme Sid & Nancy (sur Sid Vicious), La Bamba (sur Ritchie Valens) ou Great Balls of Fire (sur Jerry Lee Lewis) qui surgirent dans les années suivantes.
Mais Purple Rain avait un truc unique : ce n’était pas du surgelé sur un musicien mort ou passé, mais quasiment du live, le léger dédoublement fictif au présent d’un musicien en pleine accélération sur l’autoroute de la gloire, de la créativité et de l’incarnation de son époque.
DVD Purple Rain d’Albert Magnoli, avec Prince, Apollonia Kotero, Clarence Williams III, Morris Day (E.-U., 1984, 1 h 55), GM Edition, collection Ciné Rock’n’Soul, DVD + livre, 16 €
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