Pulp se reforme pour quelques concerts cet été et on ne sera pas cynique : c’est la grande joie. JD Beauvallet se souvient.
“Do you remember the first time?” beuglait Pulp sur un single d’anthologie. Je m’en souviens très bien : dans une chambrette de Manchester aux vitres condamnées par des tôles ondulées. Comme chaque soir quand je n’étais pas à un concert, j’écoutais religieusement John Peel sur la BBC. C’était en 1983 et le mythiqe DJ diffusa My Lightouse, une pop-song mélancolique mais espiègle sussurée par un groupe venu en voisin de Sheffield : Pulp.
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J’adorais immédiatement le phrasé étrange de Jarvis Cocker, ce mélange d’accent prolo et de manières surranées, sa littérature à hauteur des trottoirs. “Do you remember the first time?” Je le rencontrais quelques années plus tard pour une interview : j’étais son premier journaliste étranger et il parla beaucoup, merveilleusement, avant de partir en courant, visiblement peu habitué, en gars du Nord, à ce niveau de confession, d’intimité.
“Do you remember the first time?” C’était en octobre 1991, la première fois que Pulp, totalement inconnu en France, rejoignait l’affiche du festival des Inrocks. L’amour était alors déjà bien scellé, à grands renforts de Dogs Are Everywhere ou Little Girl. Après ça, il y eut la gloire, puis la séparation, les aventures solo de Jarvis Cocker, où l’Angleterre disparût petit à petit : flamboyant reporter en direct des petites vies britanniques, il laissa sa place à des observateurs-tweeters, qui condensèrent ses visions en d’habiles manchettes – des Streets aux Arctic Monkeys, dont une rumeur tenace disait à leurs débuts que leurs textes rusés étaient écrits par leur concitoyen… Jarvis Cocker.
“Do you remember the first time?” Pas encore, mais j’y serai : cet été, Pulp se reforme et on ne ratera pour rien au monde ces concerts sans grande inquiétude. Pulp n’ayant jamais appartenu à son époque (ou à la britpop), il restera forcément aussi magnifiquement seul et largué.
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