Pulp bientôt au Festival Les Inrocks Volkswagen, il est temps de réviser les grandes chansons et les grands textes de Cocker & co. Troisième partie.
Pulp au Festival Les Inrocks Volkswagen, le 13 novembre à l’Olympia avec Tristesse Contemporaine.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Programmation complète et actualité du festival sur son site dédié.
The Fear
This Is Hardcore : après la fête, la gueule de bois. Dure. Qui s’ouvre sur ce morceau : l’hymne des angoisses de solitudes qui semblent ne jamais vouloir se briser, la bande-son des peurs profondes d’abandon, le sing along des boules au bide et des crises de panique, la référence pour les âmes qui ont paumé le mode d’emploi sentimental : la chanson entame l’album et en montre la teinte, mate et noir. Simple, fort, magnifique.
« This is our « Music from a Bachelors Den » -the sound of loneliness turned up to ten. A horror soundtrack from a stagnant water-bed and it sounds just like this. »
« And when you’re no longer searching for beauty or love, just some kind of life with the edges taken off. When you can’t even define what it is that you’re frightened of : this song will be here. »
Dishes
« Je ne suis pas Jésus, bien que j’aie les mêmes initiales ; je suis l’homme qui reste à la maison pour faire la vaisselle » : autrement dit, retour sur terre clap de fin de la période médiatico-héroïque. Très beau texte, simple, direct, assez drôle et évidemment très intime.
« I’d like to make this water wine, but it’s impossible. I’ve got to get these dishes dry. »
« And I’m not worried that I will never touch the stars, cos stars belong up in heaven and the earth is where we are. Oh yeah. and aren’t you happy just to be alive? »
Party Hard
Musicalement acide, sans doute la chanson qui résume le mieux ce qu’a traversé Cocker, des débuts faméliques à la gloire pantagruélique : le coût psychologique à payer pour enfin être invité à la « fête » a apparemment été élevé, douloureux, sans doute regretté. Le texte entier mérite d’être lu, il ne s’applique pas qu’à Cocker mais a une portée universelle : s’amuser à tout prix, la liberté, l’hédonisme, la recherche de la popularité globale peuvent se transformer en poison. Il est aussi, évidemment, question d’une femme. Et d’un homme qui jouit sur sa plus belle robe.
« Entertainment can sometimes be hard when the thing that you love is the same thing that’s holding you down. »
« I was having a whale of a time until your uncle Psychosis arrived. Why do we have to half kill ourselves just to prove we’re alive? »
This Is Hardcore
Morceau-titre et morceau de bravoure, très belle chanson dont, j’avoue, je ne suis pas certain d’avoir totalement saisi le sens des paroles. Selon mes bribes : du sexe, ou plutôt du cul, mais du cul mécanique, sans véritable désir, du cul hardcore, cru, le vice d’un homme obsédé par les imbrications corporelles plutôt que par les sentiments qui pourraient les animer. A noter un clip magnifique, tourné dans les vénérables et vénérés studios Pinewood.
« You are hardcore, you make me hard. You name the drama and I’ll play the part.It seems I saw you in some teenage wet dream. I like your get-up if you know what I mean. I want it bad. I want it now. »
« This is the end of the line, I’ve seen the storyline played out so many times before. Oh that goes in there, then that goes in there, then that goes in there, then that goes in there, and then it’s over. »
Help the Aged
Une des chansons les plus drôles de Pulp, un morceau très amer également ; aidez les vieux, car ils vous ressemblent, car eux aussi un jour ont bu, fumé et sniffé de la glu, car vous vieillissez vous-mêmes, car vous leur ressemblez déjà, car on voit dans ces rides sur leurs visages où la vie vous mène, « et c’est un endroit très solitaire ». Et personne n’échappera aux années qui défilent.
« Help the aged, cos one day you’ll be older too, you might need someone who can pull you through. And if you look very hard behind those lines upon their face you may see where you are headed -and it’s such a lonely place. »
The Trees
Une petite disparition, puis on passe de l’album This is Hardcore à We Love Life. Album « adulte », intime également, produit par un Scott Walker sorti de sa retraite pour l’occasion. Quelques chansons « faibles » ; mais les chansons fortes, intimes et écrites avec le génie et l’humour habituels de Cocker, le sont tellement qu’elle mettent le disque au niveau des meilleurs. Exemple : la très « drôle », très sombre, presque très étrange The Trees, histoire d’un type qui a perdu son amour, d’un chasseur désabusé et déprimé, qui se fout d’une nature perçue comme une chose inerte, qui se fout des arbres sur l’un desquels il avait gravé son amour, qui se fout des arbres qui n’existent que pour produire l’air qu’il respire. Très beau texte, très poétique, assez à part dans l’oeuvre de Cocker. Très beau clip également.
« Yeah, the trees, those useless trees produce the air that I am breathing. Yeah, the trees, those useless trees; they never said that you were leaving. »
« I carved your name with a heart just up above – now swollen, distorted, unrecognisable; like our love. »
I Love Life
La vie comme une condamnation, que l’on doit à son père et à sa mère, se sentir bien tant que l’on inspire et expire : pas une chanson d’un optimisme fou, mais un très beau texte. Avec une phrase redresse-poils dans une fin cataclysmique, « Je suis dans le royaume du vivant mais je ne vois aucun signe de vie ».
« Here comes your bedtime story : Mum & Dad have sentenced you to life. Don’t think twice, it’s the only reason I’m alive. I feel alright as long as I don’t forget to breathe. Breathe in, breathe in, breathe out. »
Bob Lind (The Only Way is Down)
Simple, douloureuse, claire, définitive : le résumé, d’une certaine manière, des innombrables textes écrits par Cocker sur l’amour dysfonctionnel, les amant qui plaquent pour « quelqu’un d’un modèle plus récent », ceux à l’âme tranchante et blessante, les courses aux aventures sans lendemain, les amours qui commencent en même temps que les larmes, en cycles infinis : ça ira de pire en pire, jusqu’à ce que l’inadapté comprenne qu’il est, comme beaucoup d’autre, un « fucked up », qu’il est donc foutu. Immense chanson.
« When you think you’re treading water, but you’re just learning how to drown. »
« It will not stop, it will get worse from day to day ’til you admit that you’re a fuck-up; like the rest of us. Oh, that’s the time you fall apart . That’s the time the teardrops start & that’s the time you fall in love again. »
« When you’ve had enough, when you’ve had too much, when you got knocked down & you never got up. That’s the time you fall in love again. »
http://www.youtube.com/watch?v=iFIBLAWI9_I
Bad Cover Version
Texte brillant, vindicatif et extrêmement drôle ; l’amant qui nous suit n’est qu’une mauvaise copie, une triste imitation du précédent, l’embrasser laisse le « goût amer de la saccharine ». La chanson se termine par un parallèle sur toutes les suites ratées dans l’histoire de la culture du XXème siècle ; il est même question, belle ironie, d’une moitié de disque de Scott Walker. Le clip était assez drôle : la chanson est reprise e studio, comme ces horribles chansons collectives et caritatives, par une cohorte de mauvais sosies de stars de la variété internationale.
« The word’s on the street : you’ve found someone new. If he looks nothing like me I’m so happy for you. »
« And every touch reminds you of just how sweet it could have been, and every time he kisses you, you get the taste of saccharine. It’s not easy to forget me, it’s so hard to disconnect, when it’s electronically reprocessed to give a more life-like effect. »
{"type":"Banniere-Basse"}