« Derrière moi » : titre d’album idéal pour ce groupe de rap
français largement devant. Critique et écoute.
Verbe âcre, exigeant, percuté de plein fouet par la nuance et le retour sur soi : Psykick Lyrikah creuse depuis dix ans un sillon inédit dans le rap français. Tantôt accompagnée de Mr Teddybear ou de Robert Le Magnifique, du guitariste Olivier Mellano ou d’Abstract Keal Agram, la formation aux lignes floues voit cette fois-ci le rappeur Arm se présenter seul sur ce quatrième album, à peine épaulé par Tepr (Yelle) et par Iris, le compagnon de route.
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Accrochée à des (auto-)productions de synthèse alourdies de spleen, sa poésie en lingots de plomb ne perd rien de sa hauteur, percutant ce que tous ont cru pouvoir dépasser : la lucidité perdue sous les postures, la fausse envergure des grands discours, les egos gonflés d’orgueil, la course des rats.
L’encre grise avance à tâtons sous les mélodies démentes des sirènes numériques, rongée par un relativisme maladif qui l’empêche de tenir même sa propre vérité pour absolue : “A peu de choses près, ce sont les mêmes guerres que l’on mène tous de nos mêmes terres brûlées… A peu de choses près, nous sommes comme ceux dont nos écrits parlent souvent.”
Chant rebelle au milieu des certitudes hardcore, Derrière moi transforme ainsi le petit combat du rap en une exigeante révolte permanente. Pas de diatribes anti-UMP ni d’uppercuts gauchistes ici : le verbe d’Arm est une affaire qui vise l’éthique, la morale, l’humanité. La lutte est intérieure, intime et quotidienne. Intense.
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