On la croyait rangée dans un placard à posters publicitaires, une CX en plein dans la tête, condamnée à faire croire que “Roger Moore était James Bond” sur une affiche glacée de Dangereusement vôtre ou définitivement scalpée par un Slave to the rhythm taillé sur mesure pour un épisode de Deux flics à Miami. Mais […]
On la croyait rangée dans un placard à posters publicitaires, une CX en plein dans la tête, condamnée à faire croire que « Roger Moore était James Bond » sur une affiche glacée de Dangereusement vôtre ou définitivement scalpée par un Slave to the rhythm taillé sur mesure pour un épisode de Deux flics à Miami. Mais voilà qu’on signale la présence de Grace Jones dans un studio, quelque part à New York, réconciliée avec les chaloupes du reggae et chantant sur des compositions de Tricky (!!!). L’occasion de se souvenir que Grace Jones avait en plus d’un regard unique inquiétant par son strabisme une voix inimitable qu’elle a certes mise au service de projets musicaux catastrophiques (qui ose encore fredonner sa version de La Vie en rose ?), mais aussi de réelles bonnes chansons, toutes retenues sur ce Private life: The compass point sessions, sorte d’anti-best-of qui évite délicatement l’ambiance Top of the Pops pour ressusciter chutes de studios et versions inédites de ses titres enregistrés à toute berzingue (un album par an) entre 80 et 82. Trois années durant lesquelles Grace Jones a incarné, jusque dans son image de cyber-femme de jais aux mâchoires d’acier, le seul lien possible entre la rigueur glaciale du rock d’après les épingles à nourrice, la chaloupe médicinale du reggae et la frime arty du début des années 80. Couvée par Chris Blackwell (le patron d’Island) qui mettra à son service la section rythmique idéale (Sly Dunbar et Robbie Shakespeare des Wailers) et le producteur du Broken English de Marianne Faithfull , Grace Jones s’est intronisée (en deux albums Warm leatherette et Nighclubbing) la doublure reggae officielle de l’élite post-punk, capable d’ensoleiller au mieux le brumeux She’s lost control de Joy Division, de transfigurer le Private life des Pretenders, de déniaiser le Demolition man de Police ou de donner la seule reprise correcte à ce jour du Nightclubbing d’Iggy Pop. Lassée de ce travail certes gratifiant mais très moyen pour l’ego, Grace Jones se mettra alors à composer, quelques chansons d’abord coupées au montage (comme ce Man around the house inédit et ici réhabilité), puis un album entier plus influencé par le funk froid new-yorkais, Livin in my life dont on peut relire ici à loisir les principaux faits d’armes (My Jamaican guy, Nipple the bootle et Unlimited capacity of love).
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