Icône sexuelle qui projetait une image transgenre, noir/blanc, soul/pop, Prince a été le précurseur de toutes les hybridations de notre époque.
Qu’est-ce qui se passe avec 2016 ? Trois mois après David Bowie, voilà que Prince s’en va à son tour. Prince, c’était un peu le Bowie noir, le « thin black duke », le « young dude » de Minneapolis. Un musicien qui a osé toutes les hybridations, une icône sexuelle, un être qui projetait une idée transgenre, noir, métis, blanc, latino, enfant, femme, félin, aristocrate et voyou.
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La première fois qu’on a entendu parler de lui, aux temps très anciens de l’album Dirty Mind, Prince était une curiosité de la soul, un jeune gandin qui chantait le funk en slip léopard et costume bondage. Un type farfelu, un rien clownesque, mais la musique envoyait déjà bien, irrésistiblement funky, avec des textes bien salaces (Head, la pipe en vf).
Quand Prince est devenu roi
L’excellence princière s’est confirmé avec Controversy, puis 1999, fusée funk à plusieurs étages tubesques. Mais c’est en 1984, année orwellienne, que Prince est devenu roi. Un film, Purple Rain, et un album éponyme, se disputant la première place des charts US avec Born in the USA pendant plus d’un an.
Cette année-là, j’enseignais à Saint Louis, Missouri, et je peux témoigner de l’effet Prince : pas une radio, pas une télé, pas une fête sans que l’on y entende When doves cry, Let’s go crazy ou Purple Rain. Il faut réécouter When doves cry, l’un des singles les plus addictifs et musicalement complexes de l’histoire, un genre de Good vibrations de l’ère électrofunk.
Sur scène, Prince faisait le show, condensant toute l’histoire du rock et de la soul en sa personne, évoquant James Brown, Hendrix, Little Richards ou Marc Bolan. Après le pic Purple rain, le kid de Minneapolis a enquillé les albums aventureux, reconfigurant la pop (Around the world), le funk jazzy (Parade), le rock et la soul expérimentale (Sign of the times), nouant une relation privilégiée avec Paris, performer complet et star mondiale mondaine. Il pouvait remplir un Bercy, taper le bœuf au New Morning jusqu’au petit matin ou donner des gala chics sous la coupole du Grand Palais.
C’est un immense morceau de notre pop culture qui vient de disparaitre à l’âge de 57 ans, le mien, comme s’il s’ennuyait sans Bowie dans notre monde terrestre.
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