L’énergie des Stooges et la métronomie du krautrock : ONEIDA sort un prodigieux album de rock expérimental.
Preteen Weaponry, c’est-à-dire l’armement pré-adolescent. Aux sons que dégage ce nouvel album des Américains assez furieux Oneida, on comprend bien leur envie de remonter le temps vers l’enfance, vers une période où le monde apparait de façon plus brutale, mais aussi bien plus innocente et belle. Leur musique s’est ici forgée ainsi : un long morceau découpé en trois temps, qui sont autant de moments d’éternité rageusement suspendus dans l’espace.
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Au début, on croirait presque être revenu dans les traces du groupe anglais indie-drone des années 80, Loop. Oneida fait preuve de la même détermination à creuser inlassablement un sillon dangereux, empli de feedback, de coups de batterie assassins, de basses à faire vomir un mort-vivant. Très vite, pourtant, on comprend qu’on n’est pas vraiment dans la cour de récré des adorateurs défoncés de Loop (ou de Spacemen 3), mais bien dans un environnement singulier et neuf. Dès le second morceau du disque (c’est-à-dire le deuxième temps de la composition), Oneida devient plus calme, tend vers l’abstraction, mais se relève soudain pour communier avec les mantras post-métalliques de groupes comme Om ou Sunn.
Oneida, que l’on pensait obsédé par l’envie de créer un hybride entre le funk répétitif de Parliament et la déglingue de Pavement, dit ici tout à fait autre chose : qu’il est un groupe de rock irrévérencieux, un héritier débraillé des Stooges qui a l’intelligence de traiter son héritage comme il se doit, en le violant, à bras raccourcis. Coïncidence troublante, Oneida n’est pas le seul groupe à sortir cet été un album fait de trois morceaux : le nouvel album de Lindström, discoïde et planant, est construit de la même manière et complète bien, dans la catégorie tourneries psychédéliques, celui d’Oneida. A croire qu’en 2008, pour faire de la musique de drogués, il faut forcément jouer au tiercé.
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