La ferveur du quatuor restée intacte participe d’une révolution électrique qui fait de leur nouvel album un choc.
Chez Algiers, que l’on soit embarqué dans un fracas de guitares ou un magma bruitiste, il y a toujours une jolie harmonie qui vient rappeler que la mélodie est là, quelque part, rassurant point de ralliement. Derrière la furie punk et des synthés pas commodes du tout, il y a donc des balises, des repères témoignant que l’intention du quatuor, en dépit d’un probable mépris des règles, n’a jamais été de faire table rase du passé.
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Dès l’introduction, il y a même l’évidente envie de s’ancrer dans une histoire, de débarrasser le rock de ses occupant·es qui le jouent sans goût, sans panache pour mieux le confronter à l’ambient, à la liberté du jazz et, comme sur les disques précédents, au hip-hop – ce bruit d’avion, perceptible dès les premières secondes d’Everybody Shatter, est un clin d’œil à l’intro d’Illmatic, le premier album de Nas, qui s’ouvrait en 1994 sur les sons du métro new-yorkais.
Une langue à vif
Sur Shook, l’idée est effectivement de proposer “un voyage qui débute et prend fin à Atlanta”, la ville d’origine de Franklin James Fisher et Ryan Mahan. D’où, probablement, ce son moite, poisseux qui ne tient pas en place et se confronte à d’autres musiciens (Zack De La Rocha, Big Rube, Billy Woods, etc.), précisément dans l’optique d’éclater les horizons. Durant cinquante-cinq minutes, on se passionne ainsi pour ce rock qui élabore une langue percutante, à vif, dans un mélange de fascination et d’incompréhension que seuls les grands disques parviennent à provoquer.
Shook (Matador/Wagram). Sortie le 24 février.
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