Histoire d’un road trip (presque sans nuages) entre deux anti-folkeux aux mélodies naïves mais rudement efficaces et signant un premier album rêvant d’Alaska et de romance épicée. Interview.
Immortalisé sur la pochette de leur premier album, le combi WW de Pauline et Florian résume à merveille le long voyage artistique et initiatique, placé sous un ciel étoilé de rencontres nébuleuses et décisives, qui les a menés à la sortie de leur premier album Finger Crossed. A l’occasion d’une interview, nous sommes revenus sur le nébuleux parcours des Part Time Friends.
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Quelle a été votre première dispute ?
Pauline : Lors de notre première conversation, sur les bancs de l’école à Aix. Moi je viens de Paris, j’ai grandi là bas et je suis venue à Aix pour les études. Florian lui y est né. On s’est retrouvé dans la même classe en BTS Communication. Et donc notre première conversation porte sur les Libertines. On n’est pas d’accord. Une team Doherty, une team Barat. Du coup on s’est échangé les biographies.
Et votre première collaboration musicale ?
Florian : A l’époque j’avais un groupe à Aix dans le styles des Libertines. Et de son côté Pauline avait écrit des textes. Des poèmes plutôt.
Pauline : J’avais jamais mis ça sur de la musique.
Florian : Je faisais tout dans mon groupe, donc je lui ai dit, ah ça serait cool que tu me passes tes poèmes et que j’essaye de les adapter sur mes chansons. Et puis quand on a fait ça, ça lui a plu. Donc je lui ai dit c’est con passe en répétition et essaye de chanter. C’était tout en anglais,
Pauline : et c’était beaucoup plus énervé, on criait fort.
Part Time Friends est né à ce moment ?
Florian : Pas tout à fait. Mon groupe s’est essoufflé à Aix et puis surtout Pauline et moi, on s’est disputé. Et comme on est à moitié corse et très têtus tous les deux, ça a duré un an. Et il se trouve qu’on est remonté à Paris, tous les deux. Deux ans après, en 2009. Pour continuer nos études.
Pauline : et puis comme on a le même cercle d’amis, on a été amené à se revoir. On s’est rendu compte que quand on se voyait, faire de la musique, c’est ce qui nous rendait le moins mal à l’aise.
Florian : Et on a trouvé ce nom, Part Time Friends, en référence aux Moldy Peaches et à notre histoire (nos nombreuses disputes).
Quel genre de musique vous écoutiez ?
Pauline : On s’est remis à faire de la musique ensemble mais autrement, dans un genre qui nous ressemblait un peu plus.
Florian : On a écouté d’autres choses c’est vrai : les Moldy Peaches, Adam Green, de l’anti folk, ce genre de trucs.
Votre relation mouvementée a donc pimenté votre travail ?
Pauline : Oui la chanson Don’t Give Up en parle d’ailleurs. Florian avait trouvé la mélodie et je n’avais pas trouvé de paroles…
Florian (qui s’énèrve) : Non ce n’est pas ça, c’est qu’elle s’était pas bougé…c’était une fainéante et ça m’a énervé.
Pauline (rires) : Il est parti de chez moi, j’ai écouté et j’ai écrit de suite les paroles.
Florian : Voilà, je me suis énervé et trois heures après c’était dans la boite.
Vous avez beaucoup vadrouillé avant de trouver votre maison de disque ?
Florian : A chaque fois qu’on allait au plus mal, il y a eu toujours un mini truc, un déclic, et on s’est dit ça y’est ! Avec le recul, c’était vraiment ridicule. Et ça a toujours poussé le projet plus loin.
Pauline : On a enchainé beaucoup de café concerts rapidement après notre formation : le Pop in, les Disquaires…On trouvait nous même les dates. Sur scène, on a été de 2 à 5 musiciens : on a changé beaucoup le live..D’ailleurs le pire concert de notre vie on était 5 sur scène, avec Clément Doumic à la guitare…
Clément de Feu!Chatterton ?
Florian : Oui, lui nous a aidé dans nos démos depuis le début.
Pauline : C’était un ami de collège. A l’époque il joué déjà pour Feu!Chatterton mais ça s’appelait Dièse Quintett. D’ailleurs on a fait la première partie de leur tout premier concert, en 2010. Donc Clément nous a dit, moi j’aime bien vos chansons. J’ai un studio chez moi. Je vous enregistre. Le premier EP a été fait entièrement chez lui. Clément a tout produit. Il nous a vraiment aidé !
Et pourquoi ce concert était une catastrophe ?
Pauline : En fait, avant de rencontrer notre label actuel (Un Plan Simple), on a été chez des charlatans, un tout petit label qui nous avait loué du très mauvais matériel pour le concert en question. C’était horrible…Des larsens pendant tout le set…
Comment ça s’est fini ?
Pauline : Etonnamment, plutôt bien ! car c’est à ce fameux concert au Café A qu’on a rencontré Leslie Dubest (directeur artistique chez le label Un Plan Simple, Sony).
Florian : Et en sortant de scène, Leslie nous a dit « moi je vois plein de concerts, où il y a le son mais pas la vibe, ce soir il y avait vraiment la vibe, il manquait que le son. Envoie moi tes chansons ». A partir de là, on a été accompagné par des vrais professionnels… des gens qui croient vraiment en nous. Laurent Manganas et Leslie Dubest, ce sont des gens qui mettent beaucoup de perso’ dans ce qu’ils font.
Et la suite logique, c’est l’enregistrement de ce premier album ?
Pauline : Un EP d’abord et cet album oui, tous deux issus de la même session d’enregistrement. Notre label nous a laissé carte blanche !
Florian : On a enregistré au Pays de Galles en février 2014, pendant 6 semaines. Le choix du studio, c’est un conseil de Dan Black. Il nous a dit : je connais un producteur ingénieur du son « cheap and brilliant » : Tom Manning, anciennement assistant de Rob Ellis (PJ Harvey).
Dan Black (chanteur de The Servant) rien que ça ? Vous le connaissez d’où ?
Pauline : Dan est en management chez Un Plan Simple, comme nous.
Florian : Dan.. c’était un peu mon idole en plus.. Au lycée, j’avais un pote qui avait un des premiers lecteurs mp3, et il me le laissait du bus, jusqu’au portail du lycée. J’avais juste le temps de passer trois chansons. Bref, j’ai dû écouter « Orchestra » des Servants des centaines de fois… Et dire qu’aujourd’hui on travaille ensemble. On a fait une chanson avec lui « Summertime Burns »… C’est fou !
Comment s’est déroulé l’enregistrement ?
Pauline : Le studio de Tom Manning était tout neuf. On est arrivé, son père plantait le dernier clou. En fait on a alterné entre son studio, Keep Recording Studio et celui de Monnow Valley Studio pas loin…Coup de chance, Ben Christophers (arrangeur pour Bat For lashes) est venu nous aider pour finir l’album. Clément Doumic est resté une seule semaine pour enregistrer toutes les guitares. ll était pressé, car après il se mettait au travail avec les Feu! Chatterton.
Aucune dispute à l’horizon ?
Pauline : En fait, il y en a eu une grosse pendant l’enregistrement mais elle a relancé l’enregistrement de plus belle ! (rires) Faut dire qu’on était dans un cottage à 45 min à pieds du centre ville de Monmouth qui se résume à une rue où il y a un Costa café avec wifi.
Florian : On est tombé le plus mauvais hiver depuis 1948 et il pleuvait tout le temps. Et quand il pleuvait on n’avait pas la TV ni internet. On avait une cheminée heureusement. D’ailleurs, on a pris 5kg en faisant griller des Chamallows.
C’est la première fois que vous chantez en français ?
Pauline : Sur les deux premiers EP : ça n’avait même jamais été question. Je me sens beaucoup plus à l’aise en anglais. Mais on a été amené à adapter des chansons de l’anglais vers le français pour d’autres artistes et du coup, on s’est dit qu’on allait tenter le coup, sauf qu’on avait besoin d’une caution : Granville – auteur du dernier album en français qu’on avait adoré. Après cette collaboration, on a été beaucoup plus à l’aise pour les titres Summertime Burns et Here We Are.
On peut retrouver les épisodes de votre histoire dans l’album, n’est-ce pas ?
Florian : Si tu prends les chansons de l’album, bon elles ne sont pas dans l’ordre chronologique, mais c’est vraiment le fil conducteur de nos 8 dernières années. Art Counter, évoque une rupture amoureuse de Florian, Johnny johnny c’est le prénom désignant tous les exs de Pauline (rires), Summertime Burns : notre rencontre avec Dan Black qui a été un vrai soutien…
Vous avez un tatouage de l’état d’Alaska sur votre bras, pourquoi ?
Pauline : C’est un hommage à la toute première chanson qu’on a écrit ensemble et qui s’appelle : There Are No Penguins In Alaska. A chaque fois que je l’entends j’ai des frissons.
Florian : On n’y est jamais allés mais c’est un peu notre Arcadie à nous !
Album « Finger Crossed » : disponible en digital et en physique. Plus d’infos.
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