Ces “garçons postindustriels” ne viennent pas de Géorgie en Amérique mais bien d’ex-URSS – une splendide faucille/marteau est placardée au dos du disque, sur fond rose tout de même. Ces “garçons” sont d’ailleurs en majorité des filles, cinq au total, conduites par un certain George Dzodzuashvili, alias Gogi.ge.org, activiste de Tbilissi. Signé sur le label […]
Ces « garçons postindustriels » ne viennent pas de Géorgie en Amérique mais bien d’ex-URSS – une splendide faucille/marteau est placardée au dos du disque, sur fond rose tout de même. Ces « garçons » sont d’ailleurs en majorité des filles, cinq au total, conduites par un certain George Dzodzuashvili, alias Gogi.ge.org, activiste de Tbilissi. Signé sur le label de l’Allemand Thomas Brinkmann, ce premier album démarre par la chanson que Kraftwerk nous doit depuis vingt ans : une litanie désabusée sur ces « post industrial boys » qui « s’abonnent au Village Voice, jouent avec des jouets colorés et font des bruits affreux« . En anglais, ça rime et c’est magnifique, bouleversant comme aucune musique ne le sera cette année de ce côté-ci de l’Europe. Comme si l’electro-pop de 80 n’avait jamais existé, qu’elle se réinventait sous nos yeux.
Le timbre de voix du dénommé Gogi ressemble vaguement à celui de Lee Hazlewood, mais il lui arrive aussi de chanter comme un ado ébahi. Le reste du disque, inventif et truffé de petites astuces discrètes et délicates, est toutefois moins saisissant. Les filles qui se succèdent au micro chantent un peu comme des Astrud Gilberto qui n’auraient jamais connu de température au dessus de ? 3°C, et c’est particulièrement adorable sur Eyelids, un peu redondant aussi parfois. Il y a même un morceau où un certain Irakli Kakabadze lit des miettes du Festin nu de Burroughs sur un vague ondoiement de drum’n’bass périmé, traversé d’un violoncelle menaçant, lui-même désamorcé par des éclats de rire. Il fallait bien lancer ses filets aussi loin en territoire inconnu pour capturer le disque le plus désarmant du moment.