Sec et tendu : le quatuor de Brighton poursuit son irrésistible ascension avec “Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky” et confirme sa singularité à fleur de peau.
Émettant de stridents signaux sonores depuis Rice, Pasta and Other Fillers, paru en 2016, Porridge Radio suscite une grande excitation au sein du rock indépendant britannique contemporain. Loin du brouet calibré que son nom pourrait suggérer, le groupe déverse une vigoureuse mixture électrique, sans gras ni grumeaux, dont la pugnacité viscérale frappe en plein cœur et secoue en profondeur.
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D’une extrême sécheresse de ton et de son, irrigué par le noir venin du spleen, leur rock ardemment instable fluctue entre postpunk, cold wave et noise. Pêle-mêle, il évoque Patti Smith, Siouxsie and the Banshees, The Cure, PJ Harvey, Hole, Savages ou Electrelane, autre tumultueux quatuor de Brighton, avec lequel la parenté saute vite aux oreilles.
Autrice-compositrice, chanteuse et guitariste, s’étant d’abord aguerrie en solo, Dana Margolin se dresse, voix impérieuse, à la tête de Porridge Radio. Tout sauf de simples faire-valoir, ses trois partenaires – Maddie Ryall (basse), Georgie Stott (clavier) et Sam Yardley (batteur) – contribuent décisivement à la puissance magnétique de la formation, qui résulte d’une parfaite alchimie interne.
Lyrisme contenu et ballades viscérales
Paru le 13 mars 2020, au moment exact où le monde entier se claquemurait pour se protéger du satané Covid-19, l’excellent Every Bad aura été l’un de nos meilleurs alliés musicaux durant le premier confinement, faisant jaillir une très bénéfique énergie vitale, saturée d’électricité, au milieu de ce long tunnel…
Arrive aujourd’hui Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky, nouveau disque qui traduit un relatif apaisement par rapport aux deux précédents. Composé de treize pistes à forte teneur cathartique, il diffuse d’emblée des ondes vibrantes avec l’imparable Back to the Radio, tout en lyrisme (plus ou moins) contenu. Superbes ballades viscérales, U Can Be Happy If U Want To, Flowers et Jealousy – la plus bouleversante des trois – forment un enchaînement magistral au milieu de l’album.
Pour le reste, se détache en particulier Birthday Party, ritournelle implosive marquée par la répétition ulcérée de la phrase “I don’t wanna be loved” – le ressassement ad libitum de certaines paroles constituant un trait distinctif majeur du groupe. Un peu moins virulent, Porridge Radio confirme ici néanmoins sa farouche singularité à fleur de peau et explore un univers obsessionnel toujours aussi remuant.
Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky (Secretly Canadian/Modulor). Sortie le 20 mai.
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