Cercle organise tous les lundis des performances live de DJ et groupes électroniques et les retransmet en direct sur Facebook. Cette semaine, le Parisien Popof, un des noms les plus reconnus dans le monde de la techno et de la house, était leur invité dans une patinoire géante.
Kölsch en haut de la Tour Eiffel, Møme en plein océan à Tahiti, Fakear sur le Pic du Midi ou encore Black Coffee qui mixe à la Salle Wagram, ça vous évoque un souvenir ? Ce sont les vidéos retransmises en live sur Facebook par le Cercle. Tous les lundis, un nouveau lieu insolite où un DJ ou groupe électro livre une heure de set inédit.
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Né dans l’appartement de son fondateur Derek Barbolla, Cercle fête dans quelques semaines ses deux ans. Le logo ? Un cercle ouvert, « c’est l’unité, c’est la famille, c’est aussi le fait de pouvoir s’agrandir. C’est quelque chose de rond et infini qui se développe », raconte Pol Souchier, membre de la team. Chaque semaine, ils font la promotion d’un artiste et d’un lieu atypique soigneusement sélectionné, ils utilisent la musique électronique pour valoriser le patrimoine, l’art et la culture. Lundi Popof était aux platines. Célèbre nom de la scène house, techno et minimale, Popof a délivré un set froid… comme la glace de la Patinoire de l’AccorHotels Arena sur laquelle le public est venu patiner.
Froid comme la glace
Dix-neuf heures, Grego G chauffe la patinoire avant l’arrivée de Popof. Le Cercle a su créer une réelle histoire entre le lieu et l’artiste : la patinoire colle parfaitement avec l’univers de Popof. Il commence son set : une techno minimale et bruyante qui donne envie d’accélérer dans les tournants. « C’est pas tous les jours qu’on peut patiner avec de la techno à fond dans les oreilles, ça m’a vraiment plu, confie Popof. De temps en temps je jetais un œil à gauche à droite. Ceux qui dansaient devant moi me faisaient bien marrer : il y en avait des moins à l’aise que d’autres et certains bougeaient super bien, il y avait du moove. Puis avoir des gens qui tournent autour de moi, c’est une expérience unique ! »
Popof a joué le jeu : tout l’après-midi il a sélectionné des morceaux qui correspondraient à l’ambiance de la glace et c’est réussi. Habitué des festivals et boîtes de nuit, c’est dans les raves que tout a commencé. La première fois qu’il touche à des platines, il a 15 ans. Alexandre Paounov, connu sous le nom de Popof, vient de Paris et a des origines bulgares. « Je mixais d’abord du hardcore et de la hardtechno dans les raves et les free parties« , ancien membre du collectif underground Heretik System en 1996, il a participé au développement du mouvement rave des années 90.
Rock, rap et hip hop dans les oreilles
Avant de jouer de la techno, Popof écoutait du rock, du rap et du hip hop américain. Son premier souvenir musical, il le tient depuis tout petit. Son père, ancien bassiste dans un groupe bulgare rejouait les sons entendus sur les vinyles que sa mère lui ramenait en Bulgarie : « Mon père sortait avec ma mère, une Française. Tous les deux-trois mois, elle allait le voir avec des vinyles des Beatles ou d’autres groupes anglais. A l’époque en Bulgarie, c’était le communisme, donc musicalement parlant il ne connaissait que le folklore bulgare. Il les écoutait, les décryptait et les reproduisait avec son groupe dans leur petit show bulgare. » Arrivé en France, son père passe ses nuits à écouter et enregistrer la radio sur les ondes hertziennes, « ça, c’est ma première approche de la musique, c’était très rock ».
Sa sœur lui apprend les bases du piano. Il se met à jouer, enchaine avec la guitare et s’achète une batterie : « Grosse erreur la batterie : je vivais dans une appartement avec mes parents à l’époque, ça les a rendus fous… et les voisins aussi ». Et Popof ne se prive pas avec la techno hardcore à faire exploser les murs de l’appartement. Quand on lui demande de citer des chansons qui l’ont marqué, il répond qu’il est fan de Marvin Gaye et de tous ses morceaux sans exception, de Prodigy ou encore du premier album de Franz Ferdinand. « Un album qui m’avait bien marqué aussi, c’est Moan du compositeur danois Trentemøller ». Des sons qui peuvent sembler aux antipodes de ce qu’il produit aujourd’hui : de la techno minimale, qu’il « écoute en soirée. C’est de la musique de dancefloor et de nuit« . Sa musique évolue encore aujourd’hui et s’oriente plus vers la tech-house minimale, signe de l’évolution de ses goûts musicaux d’année en année. Pour passer du hardcore à la minimale, il a fallu quinze ans.
S’il n’est pas derrière les fourneaux à s’essayer aux tajines et aux lasagnes bolognaises, Popof travaille dans son studio : « Avant, j’y trainais jusqu’à dix heures par jour, lance-t-il. Pour faire un son, il commence par la rythmique : « Je mets les beats avant le kick. J’essaye de créer une rythmique assez complète, après je cherche la basse ou les sons, ça m’arrive de changer mille fois avant de trouver ce que je veux. Quand tu écoutes une musique en boucle, ça tourne et ça te saoule vite. » Il rigole : « Si tu arrives à trouver un truc qui te saoule pas trop, c’est que c’est pas mal ». Il crée ensuite l’édition du morceau et rajoute les effets à la fin.
Sa carrière est lancée
En 2009, il décolle : il fonde le label Form Music, signe son premier maxi Serenity et son morceau Do you want me et est élu meilleur nouvel artiste aux Ibiza DJ Awards. Sur son label, il signe des talents de la scène électro actuelle comme N’to et Joachim Pastor. Il remixe les tubes de Depeche Mode, The Chemical Brothers ou encore Moby. Il accepte d’être le parrain officiel pour les quinze ans de la Techno Parade à Paris en 2013 en tant qu’ »acteur historique et témoin de la scène techno en France », aux côtés de Jack Lang, ancien Ministre de la Culture.
Popof est ouvert à tous les styles de musique : « J’ai eu des groupes de funk, un groupe de rock avec un nana anglaise qui chantait, et là regarde, il y a trois ans j’ai fait un album house chez Hot Creations, le label de Jamie Jones. C’est vraiment comme j’ai envie » Son album Love Somebody, sorti en 2015, est à la croisée des genres : entre les collaborations avec le chanteur français Arno Joey, Animal and Me et Miss Kittin, tout est permis.
Techno pour tous ?
La techno s’est-elle démocratisée ces dernières années ? Ce qui est sûr, c’est que le public a bien changé : « La techno est devenue plus accessible. Les nouvelles générations se développent et ont l’oreille avertie. Avant, c’était nouveau et seuls les aficionados aimaient ça. C’est rentré dans les mœurs aujourd’hui et tout le monde sait que ça existe. » Il y en aura toujours pour dire que la techno, c’est du bruit et à cela Popof répond qu’il les comprend : « J’ai regardé les commentaires sur mon live au Cercle, il y en a un qui dit ‘C’est toujours le même rythme’, mais c’est ça la techno. C’est le principe même de la techno d’avoir ce rythme là et il y aura toujours des gens pour ne pas aimer. » Et d’ajouter que certains publics sont plus réceptifs que d’autres : « Quand je joue en Amérique du Sud par exemple, je ressens une énergie différente de l’Europe. Ils ont une culture super festive, ils dansent ensemble et ça me prend dans tout le corps de les voir si motivés. »
https://www.instagram.com/p/BgRbuIhhrm8/
Popof bosse sur plusieurs projets jusqu’à l’été : un EP sur le label True Soul d’Adam Beyer qui sort le 9 avril, un autre sur son label Form avec un remix de Butch et un troisième en collaboration avec Stefano Kosa sur le label de Stefano Noferini Deeperfect Records. Un morceau sortira sur la compil de Hot Creations et Paradise cet été.
Pour revoir le live de Popof au Cercle, c’est par ici. Cercle fête ses deux ans le 2 avril, tenez-vous prêt pour une soirée spéciale, ça risque d’être énorme.
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