De passage au festival Musilac pour la tournée en live de son premier album solo, Pone s’est confié sur ses prochains projets. Au menu : un nouvel album et la préparation de la tournée revival de NTM.
Avec cette tournée, tu te retrouves pour la première fois seul en live. Comment tu as vécu ce passage sur scène ?
Pone – Au début, je n’avais pas envie de me retrouver tout seul sur scène. J’avais imaginé un dispositif avec des musiciens : un batteur et un clavier. J’avais peur de m’emmerder et j’avais envie de tester quelque chose d’un peu nouveau pour jouer mon disque. Mais pour des raisons financières, j’ai été contraint d’arrêter cette formule. J’ai donc bossé sur une autre formule live. C’est tout simple, j’ai ma table de mixage, ma platine, un pad, et je rejoue mes samples en live. J’appréhendais mais en fait, ça se passe très bien.
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Ce premier album solo a nécessité beaucoup de sacrifices financiers ?
Oui, j’ai dépensé beaucoup de fric, je me suis un peu saigné. Et Je n’ai pas récupéré l’investissement que j’ai mis dedans. Mais c’est une super belle aventure pour moi et je suis fier d’avoir été au bout de ce processus. J’avais l’impression au départ que c’était une suite logique de tout ce que j’avais fait mais en fait j’ouvre vraiment une autre page de ma carrière. La seule chose que je regrette c’est d’avoir fait le tour des maisons de disques pour essayer de vendre mon projet. Je suis tombé sur des mecs “ultra-chauds” mais qui m’ont mené en bateau. Il y avait pas assez de tubes, ça n’était jamais assez bien. J’ai perdu 6 mois comme ça, je ne referai plus la même erreur.
Vu le succès critique que tu as rencontré, tu penses que tu connaîtras les mêmes difficultés pour ton prochain disque ?
Je pense que les maisons de disques se moquent de l’accueil critique mais ça m’a fait bien immense. Je vais te citer un exemple. Un article comme celui qu’a écrit Pierre Siankowski (directeur de la rédaction des Inrockuptibles ndlr), c’est quelque chose qui m’a énormément touché. Quand j’ai lu ce papier, c’était un gros soulagement. Je sortais d’une grosse aventure avec Birdy Nam Nam et j’arrivais un peu tout seul avec ce disque. Je savais qu’il était pas trop mal mais je n’avais aucune certitudes. Je ne m’attendais pas à autant de commentaires positifs de la part de la presse. Ca me fout limite la pression pour le prochain.
Sur ton album, JAW est très présent. Comment s’est passé votre rencontre ?
Je l’avais entendu sur l’album de Para One et j’adorais sa voix. Un jour, il est passé à mon studio. J’avais la maquette du morceau Hearth Swing. Il s’est mis à fredonner dessus, c’était parfait. Et ça c’est passé de façon aussi naturel sur le morceau Highways. On va d’ailleurs essayer de le clipper car je pense que c’est un morceau qui pourrait avoir un écho plus grand que celui qu’il a eu jusqu’à présent.
Tu as déjà des idées pour ton prochain album ?
J’ai vraiment envie de faire un truc Triph hop à la DJ Shadow ou à la RJD2 mais avec un son moderne. Je ne suis pas sûr que je ferai beaucoup de feat par contre. A part avec des gens proches de moi comme JAW. Quand tu fais venir un mec des US, ça coûte beaucoup d’argent. Tu dois payer l’avion, l’hôtel et au final, ça te coûte une blinde… Je n’en ai plus les moyens.
Ton autre grand projet, c’est la tournée de NTM en mars 2018 pour lequel tu seras DJ…
C’est le groupe que j’écoutais à fond quand j’étais petit donc je suis ultra-excité. Quand tu viens de banlieue parisienne comme moi, NTM c’est un truc indescriptible. Il y aura deux DJ au cours de la tournée. On a commencé à bosser sur l’intro du concert. Avec Joey, on a fait un premier tracklisting de ce que l’on voulait jouer. Ca ne sera pas dans le même ordre que d’habitude. On va revoir les enchaînements, faire des réédits. Les répétitions commencent en janvier. Le concert va durer entre 1h45 et 2h. Après, il faut bien qu’on gère l’ensemble car ça va être un concert très éprouvant pour Kool Shen et Joey. Les mecs n’ont plus 14 ans et ils ne sont pas du genre à se ménager.
Il y a des morceaux qui seront remixés ?
Je construis le squelette sur mon ordi en ce moment avec des mouvements de foules pour me mettre dans l’ambiance. On va se baser sur leurs gros classiques. On ne pas réinventer les morceaux d’époque mais on va revoir certaines instrus comme celle du Monde de demain pour qu’elle claque davantage par exemple. La tournée de NTM va être énorme.
Dans le rayon rap culte, on oublie souvent que c’est toi qui as produit le dernier album de Fabe, La rage de dire.
Oui, j’ai fait tout le mix.Je crois que quasiment personne sait que c’est moi car c’est inscrit en minuscule au fin fond du livre qui accompagne le disque. Ca avait d’ailleurs été un souci entre Fabe et moi car j’avais trouvé qu’il n’avait pas trop reconnu mon travail. C’était pas pour me faire mousser mais on tenait quelque chose d’original. Tous les morceaux s’enchaînaient les uns après les autres sans coupure.
Tu pressentais que Fabe allait arrêter le rap après ce disque ?
Je pense que Fabe était déjà ailleurs. Il n’y a pas eu de tournée pour ce disque. On a fait quelques showcase mais il était déjà passé à autre chose. Après la sortie du disque, nous nous sommes engueulés par téléphone et on ne s’est plus jamais revus. J’ai appris plus tard qu’il était parti pour le Québec et qu’il s’était converti à l’islam. Mais ça reste un rappeur encore très respecté aujourd’hui.
Avec le recul, quel regard portes-tu sur l’évolution du rap français ?
Le niveau est très élevé. Même en indépendant, c’est impressionnant le nombre de disques qui peuvent sortir. Le rap est devenu mainstream. Aujourd’hui même quand tu vas au resto, on t’ambiance avec Booba et Nekfeu…
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