En quelques albums, Pole a réussi à imposer une musique minimaliste, mêlant dub jamïcain et house hypnotique, dansune serre d’effets crades et de souffle parasite. Son nouvel album, R, variation autour de ses premiers morceaux, sort le 12 septembre.
Lorsque le premier album de Pole est apparu, il y a trois ou quatre ans, on ne savait pas trop ce qui se cachait derrière : la pochette était sombre, bleu nuit, mystérieuse, sans informations précises. Rien à quoi se raccrocher, sinon la musique, lente, minimale, nocturne, pleine de petits bruits, de crissements et d’échos réverbérés à l’infini. Le disque donnait l’impression d’avoir été composé à partir d’une matière première crade, d’habitude inusitée : on reconnaissait ça et là des vinyles éraflés, des vieux disques poussifs et réduits en lambeaux, des sillons abîmés et détruits qui rendaient là leurs derniers clics analogiques.
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Ce premier disque donnait l’impression d’un disque de dub futuriste, une version parasitée des hymnes clubs maladifs de la famille berlinoise Basic Channel, Chain Reaction, Main Street & co qui, dès le début des années 90, alliait minimalisme techno et rythmes dub microbiens. On n’était pas très loin de la vérité : Pole, apprenait-on vite, était en fait le pseudonyme de Stefan Betke, ingénieur du son de la clique berlinoise, chargé du mastering des disques. En bref, c’est lui qui était chargé d’insuffler aux disques leur chaleur post-jamaïcaine et leur souffle halluciné.
Plus encore, le bonhomme tenait son nom de scène, d’un vieux filtre analogique, cassé mais qui, du fait de son mauvais état, produit des sons uniques, crades et chevrotants.
Dans la foulée de son premier album, Pole en a commis deux autres, un rouge, à l’orientation nettement prononcée reggae-dub et un jaune, moins sombre et teigneux que les précédents, qui fait songer par moments à la grâce de certains morceaux fragiles d’Augustus Pablo.
Parallèlement à ses disques, Pole a fondé un label, scape music, qui édite des artistes à la sensibilité proche, c’est-à-dire voisine d’un dub électronique intelligent, aux sonorités microscopiques, éloigné des plans fumettes classiques. Burnt Friedmann, Kit Clayton ou Jan Jelinek ont ainsi été édités par Pole.
Sur scène, le bonhomme est toujours étonnant : ses concerts sont bien plus uptempo et dansants que ses disques, tandis que ses DJ sets sont souvent composés exclusivement de reggae roots, ainsi que l’était sa performance à Sonar, en juin 2000.
Ces jours-ci, Pole sort ses deux premières compositions, Raum 1 & 2, sorties sur un maxi, en catimini, et désormais augmentées de nouvelles versions, dues à ses soins, ainsi qu’à ceux de Burnt Friedmann et Kit Clayton. Cet album, R, est une variation passionnante autour de thèmes primitifs et de séquences parfois grossières, mais toujours hypnotiques. Loin d’être un exercice de style puéril, R sonne comme une valse reggae dub électronique cotonneuse, insaisissable et magique.
20 exemplaires CD Digipack de R à gagner
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