D’abord remarqué dans la BO de Taxi 2 parrainée par IAM, puis propulsé par le tubesque J’pète les plombs, le jeune rappeur franco-sénégalais d’Evry arrive en force avec un premier disque qui brille par ses partis pris audacieux (musiques et paroles) et son ton faussement détaché (contre-attitude sans surenchère commerciale). A entendre, ici, les papys […]
D’abord remarqué dans la BO de Taxi 2 parrainée par IAM, puis propulsé par le tubesque J’pète les plombs, le jeune rappeur franco-sénégalais d’Evry arrive en force avec un premier disque qui brille par ses partis pris audacieux (musiques et paroles) et son ton faussement détaché (contre-attitude sans surenchère commerciale). A entendre, ici, les papys Joey Starr et Akhenaton, en featurings séparés, on peut mesurer l’écart entre deux écoles, entre pionniers et nouvelle génération (du Saïan au 113). Le rap punchy de Disiz La Peste est plus direct, indépendant, complètement affranchi du grand-frère (du père ?) américain, décomplexé et dé-maniéré. Plutôt que de jongler avec les mots d’une manière jubilatoire, lui opte pour la manière cynique et directe. Des expressions estampillées « Cités », genre « fils de pute, salope, suce ma bite, quéquette » et autres « enculé » d’usage, Disiz en use, en abuse, mais jamais ne dérape quand il rappe. Aucune concession au machisme ou à la beauferie ambiante qu’il décrit à la perfection dans des interludes souvent drôles et dans des raps efficaces comme Ghetto sitcom ou le tube C’est ça la France, sur un sample musette de Marc Lavoine (« Autant de rage dans mes mots que de connerie chez Bardot »). N’hésitant pas au passage à se moquer de lui-même dans l’hilarant Fuck Disiz, ce rappeur sait aussi aborder les thèmes plus sombres de la vie quotidienne. Dans Le Poisson rouge, il aborde les guerres entre quartiers, en prenant l’exemple de deux gangs d’ados qui depuis des mois s’affrontent à mort pour un rien : un poisson non payé. Mais ni la justesse du morceau, ni le carton mérité de l’album n’ont empêché la guerre qui a inspiré Le Poisson rouge de franchir encore un cap dans le sordide. Le 8 novembre, Romuald, 14 ans, est abattu en pleine rue dans un quartier de Courcouronnes (Essonne), d’une décharge de chevrotines tirée d’une voiture. Et depuis, dans le quartier, il y a comme une odeur : « le retour du retour de la vengeance est proche », dirait Disiz La Peste.
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