Sonny Rollins Plus three (Milestone/WEA) Le saxophoniste Sonny Rollins a couché ses plus belles phrases depuis belle lurette, depuis au moins trente ans, quand le ténor enregistrait pour Blue Note, Prestige, RCA, Impulse!… Néanmoins, celui que l’on nomme à raison “saxophone colossus” ne cesse depuis de poursuivre sa quête vers un son plein et parfait. […]
Sonny Rollins Plus three (Milestone/WEA)
Le saxophoniste Sonny Rollins a couché ses plus belles phrases depuis belle lurette, depuis au moins trente ans, quand le ténor enregistrait pour Blue Note, Prestige, RCA, Impulse!… Néanmoins, celui que l’on nomme à raison « saxophone colossus » ne cesse depuis de poursuivre sa quête vers un son plein et parfait. Impossible et, souhaitons-le lui, inachevée.
Pour ce faire, rien de tel que le bain de jouvence et de puissance que lui procure chacun de ses concerts. C’est dans ces moments que ses longs chorus recouvrent le goût de l’aventure, de l’humour aussi. Un vrai régal ! Et c’est sans doute la grande leçon que nous souffle cet impétueux saxophoniste de plus de 65 ans : la vie ne vaut d’être vécue si l’on ne peut la partager avec quelques amis, en l’occurrence ici le public, toujours fidèle. Du haut de ses chorus calorifiques, Sonny Rollins incarne mieux que quiconque le jazz dans son assertion historique et le bop dans son acceptation esthétique.
C’est également de cette oreille qu’il faut prendre chaque nouvel album de cette légende bien vivante. Là, Rollins se la joue jazz. Il n’est donc guère mis en réel danger dans un genre où sa maîtrise a fait école. A cet égard, il serait peut-être intéressant de l’écouter dialoguer avec des musiciens d’un autre monde que le sien, à même de le titiller. Mais c’est une autre histoire… Toujours est-il que cet éternel sceptique a déjà suffisamment à faire tant il est en proie régulièrement à des doutes, à des questions jamais tout à fait réglées. C’est pourquoi il faut encore et toujours l’écouter.
Même si Plus three, son nouveau disque en référence au « Plus Four » qui l’associait à Max Roach au milieu des années 50, ne bouleversera pas la face des choses, il nous apprendra que Rollins joue comme souvent avec la force de ses faiblesses. L’autre leçon, c’est de nous dire que le jazz, c’est parfois le simple plaisir de nous faire plaisir. Sur Plus three, Rollins nous affranchit encore une fois d’une évidence que nombre de labels, et par-delà jeunes émules aux univers par trop policés, trop enregistrés, ont vite tendance à oublier : cette musique, plus que toute autre, prend sa dimension dans l’instant. C’est une histoire belle et sans tricherie. Des histoires personnelles, des points de vue et des questions. A ce jeu-là, Rollins sait de quoi il retourne. Normal : derrière ce sax, un homme a vécu pas mal de péripéties. De quoi mettre du poids dans chacune de ses notes. Et même certains couacs et baisses de tension. Qu’importe, c’est aussi ça le génie de Rollins.
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