Ils étaient étudiants en musiques savantes mais se rêvaient punks en nage. Les deux casse-cou londoniens de Plugs participent avec leur electro futée à la modernisation de la pop.
Un set d’une demi-heure, en milieu d’après-midi et sous un ciel si maussade que les arcs-en-ciel s’y dessinaient en nuances de gris. Difficile d’imaginer conditions moins favorables pour découvrir Plugs sur scène que celles réunies au moment de sa prestation en ouverture du Traction Festival de Londres, le 14 juillet. Elles n’auront pourtant pas empêché le duo de faire honneur à l’image qu’on se fait de lui depuis That Number, son lointain premier single de 2008 : celle d’un groupe plus habité et pénétrant que la moyenne.
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Le contraire eut étonné, ne serait-ce qu’au regard du parcours de ses fondateurs. Morgan Quaintance, ex-Does It Offend You, Yeah?, “le show-man, celui qui porte notre vision musicale”, ainsi que le décrit son partenaire, le bassiste David Chin, raconte : “Nous nous sommes rencontrés au London Institute, devenu depuis University of the Arts London. On y préparait un diplôme en sound design. On faisait du traitement de signal, on décortiquait les travaux de Pierre Henry et Pierre Schaeffer, ce genre de choses… Autour de nous, tout le monde voulait finir à l’Ircam. Nous, on avait qu’une envie, c’était d’envoyer de la disto, de monter un groupe punk. C’est comme ça qu’on a démarré Plugs. En jouant dans des petits clubs, en fracassant notre matos à chaque concert. Après tout ce temps à étudier l’aspect cérébral de la musique, on avait besoin de libérer de l’énergie. Ensuite, nous avons grandi.”
Comprendre par là qu’ils sont parvenus à un équilibre entre leurs aspirations pop et leurs fondamentaux savants. Jusqu’à pouvoir, d’un même tenant, présenter leur premier album comme la bande-son d’un film fictif sous l’influence de Chris Marker et souhaiter que le prochain reflète plus explicitement leur passion pour Deep Purple. Ou, variante, jusqu’à pouvoir, d’un même élan, nouer un lien entre leur songwriting et leurs occupations arty (Morgan est notamment commissaire d’exposition) et s’extasier sur les samples de Robocop utilisés en son temps par le rappeur Silver Bullet.
Cette position, ce qu’elle implique en termes de contrôle, en particulier au niveau de l’identité visuelle, n’est pas sans rappeler celles de Django Django, Alt-J et Breton, entre autres voisins de palier oeuvrant actuellement à la réforme de la pop britannique. “Nous connaissons bien ces groupes. Breton nous a remixés, nous avons joué quelques fois avec Django Django et le manager d’Alt-J est un ami. Je ne suis toutefois pas certains que nous appartenions tous à une espèce de nouvelle vague. Nous avons seulement une éthique et des idées communes.”
Mais Plugs a un truc en plus : la conscience qu’être musicalement mature, c’est savoir “créer des atmosphères et représenter des humeurs”. La synth-pop à la John Carpenter de Agree to Be, l’electronica pour balises Argos de Rise up, les girations psychédéliques de Free Tibet, les harmonies sixties de White Light et les aplats cosmiques de Black Microdots, pour ne citer que les pièces les plus irrésistiblement romantiques de leur répertoire, y gagnent le supplément d’âme sans lequel le sens de la superposition et l’érudition transversale de leurs auteurs ne seraient que des tics de jeunes gens branchés.
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