On a passé les derniers jours d’août dans le plus grand des mini-festivals d’été histoire d’oublier la rentrée. Chorale, ventrèche et Buvette, Baleapop continue à faire ce qu’il sait faire de mieux : fédérer une communauté de festivaliers autour d’une programmation unique.
L’édition 2016 de Baleapop était au moins aussi attendue que le nouvel album de Frank Ocean par les habitués de la grande réunion basque. Et pour cause : repoussé de trois semaines interminables et proposé dans une version légèrement différente de la précédente, le festival luzien fait désormais figure de dernière teuf avant la rentrée. Deux soirées gratuites en centre-ville, dont l’historique rendez-vous devant la poissonnerie du marché, ouvrent le bal pour attirer les plus novices (Chassol sur la place Louis XIV mercredi et un marathon dans les bars jeudi).
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Cette année, le prisme choisi par l’association Moï Moï était celui du jeu pour que les baleapoppers retrouvent leurs âmes d’enfant, grâce à une prog fraîche et précise.
Ouverture techno
La première activité consiste à laisser le K-Way au camping (coucou baleapop 6) pour aller griller dans la fournaise de la baleabeach tout le vendredi après-midi. L’ancienne station d’épuration, décorée par les TWICE, accueille Jamie Tiller, qui fait trembler le béton avec sa house ravageuse. Les tuyaux d’arrosage permettent de rester à peu près frais pour le reste de la soirée. Le lendemain, Moï Moï sauve ses festivaliers en sortant le dj du fossé, histoire d’éviter que tout le monde ne finisse en tranche de lomo grillé. Traxx prend quelques instants avant de trouver la bonne fréquence puis déclenche de joyeux pogos avec une techno qui s’écoute habituellement à une heure avancée de la nuit. Ça nous va très bien, d’ailleurs on sait jamais vraiment l’heure qu’il est sur le site du festival.
Photo Laurence Revol
La mise en jambe de l’après-midi achevée, le parc Duconténia, qu’on avait eu du mal à quitter l’an dernier, ouvre ses portes à vingt heures avec Buvette, désormais accompagné d’un live band. Le guitariste de Calypsodelia joue ici du tambourin avec un bras dans une attelle, les blagues commencent à fuser chez les baleapoppers et le soleil disparait alors que Buvette délivre un set très éclectique qui nous rend impatient d’écouter l’album.
Coté guinguette, les deux zinzins de Sheitan Brothers s’installent et les festivaliers prennent des forces en dégustant les meilleurs taloas de l’Histoire. Les milles calories sont dépensées quelques minutes plus tard au son de Radiator, le duo guitare batterie de l’écurie Moï Moï, qu’on se promet de réécouter à la rentrée pour éviter le baleablues. Avant minuit, l’amphithéâtre se rempli de fumée et Suuns nous offre la bande son parfaite d’un trip dans le triangle des Bermudes. Les Canadiens, déjà très remarqués cet été à la Villette Sonique et à la Route du Rock, nous emmènent toujours plus loin. L’émotion est forte de redécouvrir un groupe aussi prestigieux en famille. Ça crie « Beste Bat » (une autre) en vain à la fin du concert, mais les fans reprennent vite leurs esprits avec une bière et le son bien disco des Sheitan Brothers, qui font danser les bénévoles derrière le bar sans jamais faire renverser une goutte du précieux élixir.
Photo Alice De Jode
Jusqu’au bout de l’été
Le lendemain, on prend le temps de se balader dans Ducontenia en quête de nouvelles aventures : les panneaux « ventrèche pour tous » et « mollo sur le destroy » deviennent les décors parfaits pour les appareils jetables des festivaliers (Instagram c’est pas très balea). J.C. Satàn présente ici ses love sessions pour la première fois ce soir et offre un joli moment de grâce avec des musiciens aussi décontractés que virtuoses.
Shackelton prend la relève avec un live tellement intense qu’il aurait pu durer six heures sans que l’on s’en aperçoive. Les baleapoppoers, tout émoustillés, vont ensuite s’assoir devant la performance très réussie de Moment Space, avant que dEbruit ne remporte en cinq minutes le prix du meilleur show du festival à l’unanimité. Certains dansent comme si l’été était sans fin et d’autres commencent déjà à chercher l’after.
Chaises musicales, Twister et 1, 2, 3 soleil
L’atmosphère du dimanche a une saveur bien particulière à Baleapop, les orgas ont l’habitude de faire (un peu) la teuf parmi les festivaliers. On peut profiter du parc de jour et admirer les nouveaux couples et les grandes bandes de copains qui reviennent toujours plus nombreux chaque année. Chaises musicales, Twister et 1, 2, 3 soleil régalent ceux qui ont encore de l’énergie à dépenser, tandis que la cantine offre une tournée de frites à ses fidèles clients au son de Drake et Riri. The Pilotwings font bien marrer avec leur « disco satanique » (c’est eux qui le disent) et on leur prédit un avenir radieux. On enchaine avec le set de Jan Schulte et la dernière et émouvante performance de How Many Bpm avec Petit Fantôme.
Puis sonne l’heure du rituel balea annonçant le début de la fin : la réunion instrumentale du mystique Moï Moï Band. Cette année, le collectif a décidé d’innover : ils ont répété tous les lundis depuis des mois pour enfin jouir de la gloire habituellement réservée aux artistes en poussant la chansonnette. Maligne, la chorale débute sur la scène (et en basque), puis nous emmène subtilement vers la sortie du parc (après des années de recherches, ils ont compris comment se débarrasser des squatteurs) en chantant Ready For The Floor de Hot Chip. Les plus courageux se retrouvent pour des au revoir au fronton de Ciboure et la pluie qui nous avait épargné jusque-là sonne la fin de cette cuvée 2016.
Photo Laurence Revol
Court, intense et hyper mucholove comme ils disent dans leur jargon. Au moment de rallumer Internet, on apprend que Beyoncé a encore fait un truc génial et qu’il a fait chaud à Rock en Seine, mais nous on veut juste hiberner jusqu’au prochain rendez-vous à la poissonnerie.
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